Anonyme [1652], LES TRAHISONS DESCOVVERTES DE MAZARIN DANS LE CONSEIL de la Reine, pour empescher la Conference de Messieurs les Deputez. , françaisRéférence RIM : M0_3793. Cote locale : B_13_28.
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s’imaginent persuader aux ennemis du Cardinal (c’est à
dire à tous les gens de bien du Royaume) qu’il est bien plus
permis au Cardinal d’emmener de cette nation pour se restablir,
& auec lui la Tyrannie & le Monopolle, qu’il ne nous
est permis d’en auoir pour nous en deliurer. Pour ce sujet ils
se seruent à leur ordinaire de l’authorité du Roy, disant qu’il
y a bien de la difference entre des Trouppes qui seruent le
Roy aupres de sa personne en suiuant ses ordres, & celles qui
viennent contre sa volonté : comme si toute la France ne cognoissoit
pas bien que celles du Mazarin destruisent d’auantage
l’authorité Royalle, entrant contre la Foy que le Roy
nous auoit donnée que les autres qui ne viennent qu’en
execution des Declarations de sa Majesté, pour restablir son
pouuoir absolu, en le retirant d’entre les mains Criminelles
de ceux & celles qui s’en seruent, pour authoriser les visibles
desseins que le Cardinal a de le destruire.

 

Cinquiéme erreur du Conseil de la Reyne.

Cet illustre Conseil est si aueuglé dans tout ce qu’il entreprend,
qu’il n’en sçait sortir qu’a sa confusion.
Dans toute sa premiere Lettre & dans le commencement
de sa seconde, son dessein a esté d’obliger le Parlement,
d’agir contre Monsieur le Duc de Nemours, comme chef
de Trouppes estrangeres, sans autre sujet ; voulant persuader
à ceux qui venoient de condamner le Cardinal
Mazarin, que le Roy ne trouuoit point si mauuais qu’on
procedast contre ce proscript auec des Trouppes Françoises,
Mais que sa Majesté ne pourroit souffrir l’entrée des Estrangers
dans son Royaume sur ce pretexte. Le dessein du Conseil
de la Reine estoit de diuiser par cette action le Parlement
d’auec son Altesse Roialle, afin que cette Compagnie
n’estant plus d’interest auec Monsieur le Duc d’Orleans, le
Cardinal Mazarin pust se vanger de l’Arrest de proscription,
aprés que ce Senat auroit donné sujet à son Altesse Royalle
de l’abandonner par l’opposition qu’il eust fait à sa volonté,



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