Anonyme [1652], LES TRAHISONS DESCOVVERTES DE MAZARIN DANS LE CONSEIL de la Reine, pour empescher la Conference de Messieurs les Deputez. , françaisRéférence RIM : M0_3793. Cote locale : B_13_28.
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Troisiéme erreur du Conseil de la Reyne.

Dans la premiere Lettre que ce beau Conseil escrit au
nom du Roi sur l’entrée de Monsieur le Duc de Nemours,
il dit, que ces trouppes estant Espagnoles de nation,
l’on doit s’opposer à leur passage, & taschent mesme de nous
persuader cette supposition par la suite de leur discours : Cependant
dans la derniere voyant que Son Altesse Royalle,
auoit fait voir le contraire, l’on aduoüe qu’il est vrai qu’elles
ne sont plus Espagnoles, & que l’on a du despuis apris que
c’estoit des Allemands, & Vvalons, comme Monsieur le Duc
d’Orleans, I’auoit certifié au Parlement, touschant les nouuelles
recrües : mais, disent-ils, asture, qu’ils estoient à la solde
d’Espagne, qui se seruent de nos habits & de nostre langue
pour se mieux déguiser ; plaisante chicanne ; mais qui ne
croira point ? que le Conseil de la Reine a eu d’aussi mauuais
aduis la seconde fois, que la premiere, puisque pour le nous
persuader il ne nous donne que sa parole, comm’il auoit desia
fait. Ie voudrois bien sçauoir de ceux qui le composent, si
nous n’auons point plus de suiet de croire qu’ils mentent
presentement apres qu’ils nous ont fait cognoistre qu’ils le
font si souuent pour le seruice du Cardinal, que nous n’en
auions auparauant, qu’ils nous eussent si bien manifesté leurs
fourberies par leurs contradictions.

Quatriéme erreur du Conseil de la Reyne.

Apres que ce beau Conseil a esté contraint d’aduouër
que les Trouppes de Monsieur le Duc de Nemours, sont
celles que Monsieur le Prince a eu de tout temps ; & apres
auoir accordé, que le peu que Monsieur de Tauanes a esté
obligé de prendre pour faire ses recruës, sont de mesme nation,
que celles dont le Cardinal se sert, & dont on s’est
seruy despuis long-temps en France, ils en font vne plaisante
difference, pour gaigner la fronde. Ils sont si sors, qu’ils



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