Anonyme [1652], LES TRAHISONS DESCOVVERTES DE MAZARIN DANS LE CONSEIL de la Reine, pour empescher la Conference de Messieurs les Deputez. , françaisRéférence RIM : M0_3793. Cote locale : B_12_51.
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passé, non plus qu’on ne preuoit point l’aduenir dans son Conseil,
pour songer seulement à la Fortune presente du Mazarin,
qui pour subsister, requiert qu on destruise ce qu’il a fait seruir à
son restablissement : Mais qui pourra rien croire apres tant de
faucetez ? & qui doit se persuader que sa Majesté, ait enuoyé ordre
contre les termes de sa Declaration a vn Cardinal bany pour
jamais, de leuer des Trouppes dans le Royaume, lors qu’il n’y
estoit plus ; qui pourra s’imaginer que le Roi ait donné ordre au
Mazarin d’armer dans le mesme temps que sa Majesté, nous protestoit
dans le Parlement qu’il ne s’en seruiroit jamais, & enfin
qui pourra penser que ces Lettres & ses Declarations, soient l’ouurage
d’vne mesme main ; nous sommes certains que le Roi ne se
dement jamais pour tromper son Peuple, & il tres constant qu’il
nous a promis en plain Parlement accompagné de tous les Seigneurs
de son Royaume, & à la face de toute l’Europe, qui estoit
accourue à cette solemnité, de ne iamais r’apeller ce bani ; & aujourd’huy
dans vne autre conjoncture l’on voudra nous persuader
que le Cardinal est venu auec ordre de sa Majesté à main armée,
non, non, c’est vne ruse Mazarine, parce que toute la France
est tres-bien informée, que les Mareschaux d’Hocquincourt,
d’Aumont, & de la Ferté-Senetere, auec le Comté de Broglio,
Debar, Nouailles, Manican, le Marquis de Noirmontier, & le
Comté de Grandpré les ont leuées dans leurs Gouuernements,
& qu’apres le Conseil de la Reine a enuoyé à l’insceu du Roi, au
Cardinal Mazarin, le Breuet de Generalissime pour s’y mettre à
la teste, afin d’excuser son retour, disant que par vne recognoissance
digne des grands bien-faicts qu’il a reçeu de la Reine ; bien
plus grands que tout le monde ne sçait pas, il a creu estre obligé d’employer
pour son seruice, non seulement partie de l’argent qu’elle
lui auoit souuent fait prendre par force : mais encores d’hazarder
sa vie pour la sortir d’vn si grand peril, quoi que tout le monde
sçait neantmoins, que bien loing d’en auoir employé de celui
qu’il veut dire qu’on lui auoit desia fait prendre par force ; il
falloit qu’il en eust bien eu auãt qu’il ait este rassasié, à se faire forcer d’en
prendre, la Reine a eu assez de soin de lui enuoyer plusieurs milions
à Cologne auec tant d’exactitude, que la table du Roi en a esté
renuersée diuerses fois, n’ayant vn teston pour la faire subsister,
parce qu’on auoit voulu trop releuer celle de ce cher fauory,


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