Anonyme [1649], LES TERREVRS DE MAZARIN, ET LE SECOVRS CHIMERIQVE & imaginaire qui luy vient d’Italie, conduit par le redoutable Capitaine & General Scaramouche. , françaisRéférence RIM : M0_3762. Cote locale : C_10_28.
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sept jours qu’ils ont passé le destroit de Gilbartar, & ie fay mon compte
selon le vent qu’il fait à present, qui leur est tres fauorable, qu’ils pourront
arriuer dans : cinq ou six iours en Normandie, & qu’ils donneront bien
tost la chasse à Monsieur de Longueville, & contraindront le Parlement
de cette Prouince à faire des Arrests bien differents de ceux qu’ils ont
donné contre.

 

En vn mot, ie vous doclare que j’espere de me voir bien-tost en estat de
ne rien craindre, & que tous mes ennemis se trouueront trompez dans
la croyance qu’ils ont conceuë de me chasser du Ministere. Ie m’en vay
depescher vn nombre de Partisans & de Maltoutiers qui se sont tenus à
S. Germain sous ma protection depuis le commencement de ces desordres,
pour fauoriser la descente de mon armée, & luy preparer des munitions
de bouche & de guerre. Messieurs des Gabelles, Messieurs les
Intendans de la Iustice, & tous les exacteurs des Tailles & des Imposts
que ie tenois dans les Prouinces, m’ont promis de se mettre en campagne
auec tous leurs Archers & tous leurs fusilliers : tellement que ie
suis asseuré que toutes ces forces jointes ensemble, me feront remporter
vne glorieuse victoire sur mes ennemis ; & les Prouinces de France espouuentées,
me viendront rendre hommage, & s’estimeront bien heureuses
de ployer le col sous ie joug que ie leur voudray imposer.

Et quant au Parlement de Paris, qui est celuy que j’ay le plus de subjet
d’apprehender, i’espere qu’il se rangera aussi à son deuoir : car outre beaucoup
d’intelligences que j’ay desia auec les plus considerables Senateurs
qui le composent. L’enuie que le peuple a de me tenir à Paris pour traiter
mon Eminence selon ses merites, les obligera à receuoir toutes les
conditions que ie leur voudray imposer. Et apres ces signalées victoires,
ie suis asseuré de faire mon entrée triomphale dans cette grande Ville,
qui est (à ce que i’ay oüy dire à quelques-vns des miens) toute preste à
me faire mille remerciemens de ce que ie suis la cause qu’ils n’ont point
fait de Caresme, & qu’ils n’ont point perdu leur argent a la foire Sainct
Germain.

Et parmy toutes ces prosperitez que ma bonne fortune me promet tout
à coup, ie ne trouue rien qui me satisfasse plus aduantageusement, que
lors que ie me represente que i’auray encore le contentement de voir &
d’embrasser mes plus anciens & intimes amis, tous ces illustres Caualiers
Italiens, qui de leur coste seront asseurement bien aises de me voir dans
le plus haut degré de la fortune, & de participer a mes triomphes, Cependant
i’ay donné charge au sieur Torelly tres-habile Ingenieur, pour
les machines Comiques, (& auquel i’ay tousiours fait payer de meilleures
pensions qu’aux plus vaillans & aux plus sçauans d’entre tous les François)
d’employer toute sa science, & toute son industrie à dresser des Arcs
de Triomphe, des Tableaux & des machines les plus belles que son esprit
luy pourra suggerer, par lesquelles il puisse faire voir en agreable spectacle
la naïfue & veritable representation de toutes les plus glorieuses
actions de ma vie & notamment de mon Ministere ; ie luy ay aussi ordonné



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