Anonyme [1649 [?]], LES SOVHAITS DE LA FRANCE A M. MONSEIGNEVR LE DVC D’ANGOVLESME. , françaisRéférence RIM : M0_3700. Cote locale : A_7_36.
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Vn mal-heur qui n’a point d’exemple dans l’Histoire, var ouurir
toutes mes blesseures, & mettre en pieces mes pauures entrailles ;
va auec le fer & le feu, se repandre par toutes mes Prouinces, & va
causer les plus grand embrassement qui ait iamais paru dans les
monde. Et ce qui m’estonne & me surprend, est qu’on n’a point
veu de guerre qui n’ait eu quelque fondement, ou du moins vn legitime
pretexte, & dont la fin n’ait regardé l’interest de quelques particuliers.
Les troubles de la Religiõ ont fomẽté l’ambition des Princes,
qui vouloient à quelque prix que ce fust, gouuerner l’Estat &
posséder par force & par violence les bonnes graces des Rois. La
Ligue auoit pour but l’vsurpation de la Monarchie, & elle vouloit
esteindre & coupper la racine de la Maison Royale. Mais dans cette
fatale & cruelle conioncture, on ne respire que le bien general,
on ne trauaille qu’à maintenir l’authorité souueraine, on ne cherche
que la felicité publique, & on ne demande au Ciel, que le
bon-heur de tous mes suiets ; & la Cour est en cela d’accord auec le
Palais, & tous les François crient vnanimement. VIVE LE ROY.

Il n’y a pas mesme quasi lieu de se plaindre, & si les desordres
ou les necessitez publiques, ont deuoré plusieurs millions, & si les
dispensateurs des deniers publics ont eu des mains, ils ne seront pas
exempts de la repetition & recherche qui s’en doit faire. Vn bon
reglement fermera la bouche à tout le monde, & reunira tous mes
enfans. Et apres tout, GRAND PRINCE, est-il iuste que pour reparer
vne faute, il faille employer vn remede pire mille fois & plus
facheux que le mal mesme, & que les François versent tout leur
sang les vns contre les autres, pour puis apres deuenir les esclaues
de leurs ennemis, & faire changer de face à la plus redoutable & la
plus florissante de toutes les Monarchies. Que diront les amis
& les alliez de cette Couronne ? Que ne feront point les ennemis.
Qu’elle gloire & qu’elle reputation produira vne telle leuée de
boucher ? Quel iugement en feront les autres Nations ? Et qu’en
croira la posterité ? Estrange aueuglement ! Que ceux qui sont auiourd’huy
les Maistres & les Arbitres de la Chrestienté, soient peut-estre
obligez demain de se soumettre, & que des victorieux ayent
la honte & la confusion de receuoir la loy des vaincus.

La Reyne ne demande que de l’obeïssance, & ceux de Paris n’ont
point d’autre pensée que de luy en rendre ; & sans entrer plus auant
dans de grandes irruptions, n’y faire des actes inouis d’ostilité, ne
vaut-il pas mieux se reconcilier de bonne heure, & n’attendre pas



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