Anonyme [1651], LES SERVICES QVE LA MAISON DE CONDÉ A RENDVS A LA FRANCE CONTRE LES CALOMNIES des Partisans du Mazarin. , françaisRéférence RIM : M0_3666. Cote locale : C_11_30.
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d’aucune maxime cõtraire dans tous les Estats du monde que par la
barbarie des Othomans, c’est vne verité sans contredit que pour releuer
& soustenir le poix du gouuernement le plus grand soin des
Ministres doit consister à faire valloir les personnes de ce Rang que
la parenté & le sang qui ne peut iamais se desmentir, attache si
fortement à la Couronne & entretenir leur vnion & corespondance,
afin que ces pilliers inesbranlables soustenans dans vne fermeté
vniforme c’est edifice supreme il puisse resister à toutes les atteintes
des orages qui renuersent aisement les bastimens dont vn
des costez abbatu chancelle euidemmẽt sur l’autre. Qui ne iugera
que l’emprisonnement des Princes donne lieu à vne guerre ciuille
dans l’extreme desespoir des peuples, le mescontentement de la
pluspart des Grands & la mesfiance des autres, le mauuais traittement
qu’à receu la Noblesse & tous ceux qui ont esté dans le seruice,
le zele des Parlemens pour la liberté publique, & les souspirs
de tous les gens de bien pour la reformation du gouuernement,
n’est-ce pas l’effect de la plus malheureuse & inconsiderée politique
qui fut iamais, de donner les frontieres des trouppes destinées
à leur deffence & occuper les forces de la France à ruyner leur propre
mere sans autre fruict, qu empescher vne vapeur de soupçon, la
frayeur d’vn songe que Monsieur le Prince peut se cantonner & se
faire ce prejudice d’aymer mieux estre petit Souuerain d’vne
Prouince exposée à tous les perils d’vn establissement nouueau &
subjet à tous les diuers caprices des Princes voisins, & comme disoit
vn Espagnol des Ducs de Sauoye & de Loraine estre comme
vn Porc entre deux Singes, que d’estre la quatriesme personne de
la plus noble & plus puissante Monarchie que pourroit estre la nostre,
qui en vn temps de Iustice luy donne vn rang au dessus de tous
les Souuerains qui ne portent pas la Couronne Imperiale, en vn
mot il ny à point d’apparence qu’il voulut ruyner la France & en
racourcir les limites pour se rendre luy mesme moins puissant : &
quand il auroit eu l’ambition pour des Couronnes estrangeres,
n’est-ce pas la gloire de nos Roys & l’appuy de leur Estat d’auoir
plusieurs Souuerains dans leur dependance, & à moins que d’estre
jaloux de l’honneur de nostre Nation, on ne peut que souhaiter
que des Subjets du Roy deuiennent les maistres des autres peuples
& que le Sang de France brille encore dans le throsne des Royaumes
de Naples, de Sicile, de Ierusalem, & dans celuy de l’Empire


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