Anonyme [1649], LES SECRETS DE CONSCIENCE D’VNE AME DEVOTE, DECLAREZ A SON CONFESSEVR Touchant les affaires du Temps. , françaisRéférence RIM : M0_3635. Cote locale : E_1_79.
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de violer les femmes & les filles, d’exercer mille violences
sur leurs biens, sur leurs personnes & sur leurs
vies ?

 

En effet l’on void les Temples prophanez par leurs
impudicitez, les Autels abbatus, l’Auguste Sacrement
foullé aux pieds, les biens de l’Eglise enleuez, les Prestre
despoüillez, le Sacrifice de la Messe empesché : &
les ceremonies de la Religion mesprisées. Peut-estre
me respondrez vous, Ma fille, que la medisance, est
vn poison qui infecte mesme les plus belles choses &
qui noircit la blancheur des plus sainctes actions, que
c’est vne science qui ne doit pas estre écoutée, & qui
ne pousse la douceur contagieuse de sa voix, qu’à dessein
de tuër nos ames, & les perdre. Le Verbe eternel
a eu des persecuteurs & des bourreaux, & biẽ qu’il fut
tres-innocent, mesme dans l’impossibilité de pouuoir
pecher, ayãt pris toutes nos infirmitez, excepté l’ignorance
& le peché, neantmoins les ennemis de sa gloire
n’ont pas laissé de condamner ses Miracles d’imposture,
ses actions de malice, & ses Oracles de mensonge.
Aussi deffend-il absolument de iuger dans son
Euangile. Et il proteste en plusieurs, que les hommes
addonnez aux vice de la médisance, seront mesurez de
mesme mesure qu’ils auront mesuré leur prochain.
Anciennement dans les Republiques les mieux policées,
les médisans estoient punis de mort comme les
meurtriers ; & dans la pensée de ses Anciens, ce n’estoit
pas vn moindre crime de rauir l’honneur à vn
homme que de luy oster la vie, Et certes les François
passent pour lasches dãs l’esprit des Nations voisines,
en ce qu’ils medisent également des vns & des autres,
& d’eux mésmes. Sçachez donc, ma fille, que Dieu a
ce vice en abomination, que c’est luy qui luy met les
foudres dans les mains, & qui excite les tẽpestes & les



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