Anonyme [1649], LES SANGLOTS PITOYABLES de l’affligée Reyne D’ANGLETERRE. DV TREPAS DE SON MARY. , françaisRéférence RIM : M0_3585. Cote locale : A_7_19.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 3 --

amie, qui les deliure de leur maux, pour posseder
Dieu & receuoir les remunerations de leurs
bonnes œuures par des ioyes, extases & rauissemẽs
qui ne finiront iamais.

 

Neantmoins les hommes font ce qu’ils peuuent
pour éuiter son sort, aussi bien que son dard, témoin
Thetis d’Achille qui ce couurant des habits de femme,
deguisa sa force & sa vaillance, craignant que
reuestu en homme, il ne fut connu d’auantage, &
que cét habit le contraignist de combattre à la guerre
de Troye pour y témoigner son courage, voulant
par ce moyen éuiter la prophetie de l’Oracle & le
presage asseuré qu’elle auoit de sa fin.

Mais cette marastre inexorable, on ne peut ce cacher
deuant sa faux, elle entre d’vn pas égale dans
le Palais des grands aussi bien que dans la grotte des
petits, les riches & les miserables courent à la mort
& les parques tranchent le fil des Rois, aussi bien
que celuy des petits.

Témoins cette hystoire pitoyable que i’expose au
public qui est faite d’vn Roy, dans le plus funeste &
de praué Royaume, que le Soleil ait iamais éclairé,
qui a fait naistre vn effet de sa cruauté en la personne
de son prince, cette Barbarie a fait vne playe qui
saignera long temps : le croy, mon cher Lecteur, que
la plus infortunée Reyne en ressent dans son ame
les sinistres effets, aussi c’est d’vn prince auec lequel
Dieu auoit vny sa volonté par le lieu coniugale.

Ce tragique spectacle a esté dressé à Londres en
Angleterre, ce mauuais Saturne a conuerty fatalement



page précédent(e)

page suivant(e)