& vne si grande pasleur de visage ? il faut que
vous ayez vne furieuse émotion dans l’ame, cela
est visible dans vos yeux ; ie vous supplie de
grace, Monsieur, me dire quelle chose vous est
arriuée durant mon sejour à Paris.

Le Cardinal Mazarin.

MONSIEVR, Ie croy que quelque
bien-vueillance pour moy, vous a porté à
desirer de sçauoir la cause de ma tristesse, ie
vous diray donc que depuis vostre depart, ie
m’estois proposé de faire quelque progrez sur
l’Amée de son Altesse, ayant à ce sujet donné
charge au Mareschal de Tureine de s’en
bien acquiter, ce qu’il se proposoit de faire &
se promettoit l’aduantage du Combat : mais
il en alla tout autrement que luy ne moy n’en
n’auions esperé, car il fut repoussé viuement &
fut bien battu par le Prince de Condé, qui est
bien puissant & qui est le plus grand ennemy
que i’aye sur les bras, & i’ay grand peur qu’il
ne me jouë quelque mauuais tour, & depuis
cette rude secousse qu’eut le Mareschal de Turenne
quand par mes ordres il alla iusqu’aux
portes de Paris, dont c’estoit trop hardiment