Anonyme [1649], LES RESSENTIMENS DE LA VILLE DE PARIS, SVR LES OBLIGATIONS Qu’elle a à la genereuse Protection DE MONSEIGNEVR LE DVC DE BEAVFORT. , françaisRéférence RIM : M0_3517. Cote locale : C_9_77.
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Il se trouue peu de personnes comme vous, qui embrassent
auec tant d’ardeur la protection des miseres publiques, &
de l’innocence persecutée, le peuple le plus grossier le reconnoit
bien : Quant à moy, Monseigneur, encores que
mon impuissance trahisse mon zele, ie ne laisse pas de faire
mes efforts pour vous en tesmoigner mes ressentimens. Et si
autre fois Paris par vn iugement équitable adiugea le prix de
la beauté à Venus, souffrez aussi que pour le prix de vos soins,
& de vos defences genereuses & triomphantes : Paris vous
offre maintenant des loüanges & des actions de graces,
comme à vn Mars, non pas celles qui vous son deuës, car
elles deuroient estre infinies, mais au moins celles qui sont
en mon pouuoir.

 

Enfin, Monseigneur, reconnoissez que vos actions sont
grandes, & que vostre Eloge doit estre semblable, puis
qu’elles forcent vn corps comme le mien sans voix & sans
veuë de parler, & de voir : Ouy, Monseigneur, ie le dis dedans
nostre infortune i’ay vn plaisir incroyable, & vne esperance
aduantageuse, vous voyant aller aux combats auec
vne ardeur de vaincre que l’on remarque dans le feu de vos
yeux, la hauteur de vostre taille, ce port maiestueux, cette
beauté Martialle, ces graces merueilleuses, & ce ie ne sçay
quoy charmãt m’inspiroit des desirs de vous suiure toûjours
pour conseruer vne veuë si agreable que la vostre, mais
vous rauisez encore bien plus vn chacun quand l’on vous
voit reuenir victorieux, accõpagné de ces rares perfections
du corps, que la Nature a jointes à celles de vostre ame : Ie
souhaitte pour l’vn & pour l’autre vne felicité eternelle ; Ce
sont les vœux que ie dois faire, & que vous proteste de garder
inuiolablement,

Cé 7. Mars 1646. PARIS.



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