Anonyme [1649], LES RESSENTIMENS DE LA VILLE DE PARIS, SVR LES OBLIGATIONS Qu’elle a à la genereuse Protection DE MONSEIGNEVR LE DVC DE BEAVFORT. , françaisRéférence RIM : M0_3517. Cote locale : C_9_77.
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fait ; quand vne armée victorieuse qui donne de la terreur
aux plus hardis, quand sous vn pretexte specieux de maintenir
l’authorité Royale deguisée, l’on conspire la ruine & la
perte d’vne ville qui contient vn second Monde ; & quand
des trouppes agueries attentent à la vie, portent la mort à
tant de peuples, desolent les campagnes, mettent aueuglement
l’Estat en proye pour satisfaire à des passions & à des
vengeances ; vous au contraire, esmeu de me voir sur le penchant
d’vn si dangereux precipice, & blessé de reconnoistre
la veritable authorité du Roy esteinte, vous acourez à nostre
secours, & venez nous releuer du tombeau, nonobstant
tous les dangereux effets, les desaduantages, les disgraces
qui vous en peuuent arriuer, & mesprisant la faueur, passant
sur toutes sortes de considerations, vous suiuez les sentimens
de l’ancienne vertu Romaine, qui vous fait preferer
vne gloire asseurée, & des loüanges immortelles, à des vains
honneurs, & des flateries de Cour, qui n’ebloüissent que les
ames capables de lascheté. Aussi auez vous vn cœur qui
montre que le sang qu’il enserre est vn sang veritablement
Royal, & Illustre, qui ne degenere en rien de celuy de ses
Ancestres.

 

Ne dois-je pas dire encore, Monseigneur, que vostre generosité
est sans exemple, n’auez vous pas combattu contre
la mort, pour conseruer la vie à tant de milliers d’ames qui
alloient succomber par la faim ? N’auez vous point hazardé
tant de fois vostre vie pour asseurer la leur ? Et ne semble-il
pas que vous ayez voulu les nourir de vostre sang mesme ?
Puisque vous l’auez prodigué pour leur faire auoir incessamment
des viures ? Ah ! que vous estes vn Beaufort à mes
Citoyens, & que vostre defence estoit necessaire à leur salut.



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