sembloit vn portrait de la parfaitte moderation, s’est
icy rendu l’aggresseur & celuy qui deuoit n’estre armé
que pour sa deffence apres s’estre quelque temps deffendu
d’en venir aux prises auec luy par ces considerations
d’alliance & de pieté, forcé de se trouuer au rendez-vous,
s’est offert a tiré l’espée & mis le pistolet à la
main, & par vn coup mal heureux dont le plus malin
des demons a sans doute conduit le plomb, a tué celuy
dont la femme ne le peut nommer que par le cher nom
de frere, & les enfans, par celuy d’oncle, vn Prince dis-je
en qui tous les dons & toutes les graces de l’esprit &
du corps formoient vn doux meslange de perfections, &
dont toutes les vertus ornoient l’ame pour le rendre veritablement
digne du nom de Prince qu’il portoit graué
sur le visage. Mais pourquoy contre ma promesse tarday-je
tant à remplir ton esprit d’vne idée que tu n’as
desia que trop conceuë En ce funeste combat le Duc de
Beaufort a tué le Duc de Nemours, vn beau-frere son
beau-frere, vn Prince chef d’vn party, vn autre Prince
chef du mesme party, & pour tout dire en deux mots le
meilleur Prince du monde a tué le plus genereux Prince
qui fut iamais, si ce n’est qu’on peut dire aussi vray-semblablement
que le mauuais demon du Duc de Nemours
& de la Frãce, pour me nuire & m’affoiblir par cette double
perte, la tuë par les mains du genereux Duc de Beaufort ?
mais qui dois-je plaindre premierement de la veufue
du mort ? du mort mesme ? de celuy qui luy a porté le
coup mortel des Princes ? leurs alliez ? des Parisiens mes
sujets, ou des François en general Qui ne plaindroit en
effet cette ieune Princesse, qui perd si tost vn mary si
ieune, si beau si bien né, si bienfait, si plein de merite &
d’estime, si pressé du desir d’en acquerir encor vne plus
grande, & qui ne peut en voulant vanger sa mort, faire
des vœux ou des poursuittes pour cét effet qui ne tendent
à la destruction de son sang, de sa famille, & du party
que son mary auoit pris de sa ville mesme, & de tout

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