Anonyme [1652], LES REGRETS DE PARIS, SVR LA MORT DE MONSIEVR LE DVC DE NEMOVRS. , françaisRéférence RIM : M0_3083. Cote locale : B_9_25.
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l’Empire qu’il auoit voulu conseruer Qui ne plaindroit ce
grand Prince, qu’vne mort precipitée dérobe en vn âge
si tendre. à l’amour d’vn si cher objet, à tant de merite,
tant de bien, tant de vertu, tant d’estime, & de gloire
& à la bien-veillance de tous mes sujets qui le voyoient
d’vn œil aussi doux que le sien, estoit riant & plein de
charmes ? Qui ne plaindroit son vainqueur qui s’est veu
forcé par vn puissant motif d’honneur & de ressentiment
de porter vn coup mortel à celuy qu’il aymoit presque à
l’égal de sa vie, & de trahir les interests & les respects de
la double alliance, qui les vnissoient dans vn mesme party,
& presque dans vne mesme famille à ce tyrannique
deuoir du point d’honneur, dont l’humeur de ce siecle a
fait pour tous les braues vne loy qui ne peut estre violée
que par des lasches & des stupides : ce Prince dis-ie qui
voudroit sans doute auoir racheté de la moitié de son
sang la perte de celuy d’vn amy si cher. Qui ne plaindroit
les Princes leurs alliez, qui perdent vn Prince qui leur
auoit rendu de si grands seruices, & dont le credit & l’action
leur estoit si necessaire pour l’acheuement de leurs
desseins, & qui sont priuez pour quelques iours de la presence
d’vn autre dont la personne estoit les delices de
tous mes sujets, & dont la voix par de secrets ressorts les
oblige comme il luy plaist à suiure le mouuement de ses
desirs : mes sujets ne sont-ils pas à plaindre aussi ? perdans
vn des plus beaux astres du Ciel de la France & dont l’influence
se rendoit si fauorable à tout le monde, que l’amour
estoit inseparable du respect qu’on auoit pour luy,
& de ce qu’ils le perdent en vn temps où l’vnion de tous
ces Princes qui me protegent maintenant, iointe au pouuoir
du Parlemẽt declaré pour leur party, me faisoit déja
ioüir d’vn calme, que ie prenois pour vn auant goust,
& pour vn gage infaillible de la felicité qu’ils me font esperer ?
mais tous les François ne doiuent-ils pas souspirer
auec moy de voir que celuy que toutes les forces de mes
ennemis n’auoient pû vaincre ny mettre à bas dernierement


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