Anonyme [1649], LES RAISONS OV LES MOTIFS VERITABLES DE LA DEFFENSE DV PARLEMENT & des Habitans de Paris. Contre les Perturbateurs du repos public, & les Ennemis du Roy & de l’Estat. , françaisRéférence RIM : M0_2967. Cote locale : C_9_5.
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qui s’estoit aussi assemblé pour pouruoir à la seureté
& à la subsistance de Paris.

 

Dans ce iuste ressentiment le Parlement pouuoit vser dés
lors, & auec grande raison, de son authorité legitime, mais
il se contenta ce premier iour de pouruoir à la seureté du dedans
de la Ville, & à sa subsistance, afin qu’en temporisant
les Ministres fissent reflexion sur leurs crimes, & que le Duc
d’Orleans & le Prince de Condé songeasseant aussi à ne plus
authoriser vne entreprise & vn attentat si horrible contre
l’Estat, & contre la seureté publique.

Mais la prudence & la sage conduite de la Cour ne seruit
qu’à enfler l’orgueil des Ministres, ils enuoyent dés le lendemain
des Letters patentes, lesquelles ne furent point ouuertes,
n’ayant pas esté presentées dans les formes ordinaires.
Mais l’on apprit par la lettre escriteau Procureur General, &
au Preuost des Marchands & Escheuins, que c’estoit pour
transferer le Parlement à Montargis, qui est vne petite meschante
ville, où les Ministres estant les Maistres ils pretendoient
exercer en toute liberté leurs cruautez & leurs tyrannies,
& satisfaire à leur fureur.

Le Parlement qui deuoit estre sensiblement outré de tant
de conspirations que l’on faisoit pour sa ruïne, à cause qu’il
auoit voulu arrester le cours de l’oppression publique, & restablir
vn bon ordre dans l’Estat, ne parut point encore touché
de tant d’injures & de calomnies, il esperoit que la Iustice
de son procedé estant conneuë à tout le monde, desilleroit
les yeux de la Reyne, & que le charme ne dureroit pas aussi
tousiours sur les deux Princes qui s’estoient engagez auec elle
dans vn si malheureux dessein.

L’on trouue encore vne inuention de reconcilier les esprits,
& d’accommoder les affaires, en ordonnant que les Gens du
Roy se transporteroient à S. Germain, pour asseurer le Roy &
la Reyne Regente en France, du seruice & de la fidelité de la
Compagnie, bien estonnée de ce qu’elle auoit eu des sentimens
contraires, & la supplier pareillement de nommer ceux
qui auoient attenté à la sacrée Personne du Roy, & entrenu
des intelligences secrettes auec les ennemis de l’Estat,



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