Anonyme [1649], LES RAISONS OV LES MOTIFS VERITABLES DE LA DEFFENSE DV PARLEMENT & des Habitans de Paris. Contre les Perturbateurs du repos public, & les Ennemis du Roy & de l’Estat. , françaisRéférence RIM : M0_2967. Cote locale : C_9_5.
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que par ce moyen leur brigandage paroistroit publiquement.

 

Pour eluder l’execution de l’Arrest & retarder leur supplice,
ils obligent Monsieur le Duc d’Orleans d’en venir demander
au Parlement la surceance pour quelques iours, & de
proposer des conferences en sa maison par deputés pour terminer
les affaires, & donner toute la satisfaction qu’il seroit
possible au public, & au particulier ; les asseurant encore
derechef des bonnes volontés de la Reyne, en foy & parole
de Prince, & que pour luy il n’estoit point ministre de tromperie,
mais qu’ils pouuoient se reposer sur les protestations
qu’il leur faisoit.

Le Parlement ayant accepté la conference dans l’Hostel
d’Orleans, quoy qu’extraordinaire, pour ne pas desobliger
ce Prince, & pour voir s’il y auroit aussi quelque ouuerture
d’accommodement.

Monsieur le Chancelier proposa dés la premiere Assemblée,
de faire vne Declaration entierement conforme à l’Arrest
qui auoit esté rendu. A quoy le Parlement consentit, n’estant
point jaloux de faire paroistre sous son authorité le bien
qu’il vouloit procurer au peuple, au contraire il souffrit que
cette gloire passast pour vn ouurage de ses propres ennemis
& de ses tyrans.

Mais au lieu de garder la parole qui auoit esté donnée, l’on
fait apporter au premier iour par Monsieur le Duc d’Orleans
vne Declaration bien differente de ce qui auoit esté arresté.
Car on n’y parloit point du tout d’informer de la mauuaise
administration des Finances, comme il auoit esté ordonné
par l’Arrest. Et à l’esgard de la quatriéme partie des tailles
qu’on auoit promis de remettre, l’on n’en diminuoit que la
huictiéme partie, & encore auec des conditions qui rendoient
cette descharge inutile & sans aucun fruict.

Le Parlement ne reconnoissant plus son ouurage, depuis
qu’il auoit passé par les mains des Ministres qui auoient accoustumé
de corrompre toutes choses, & de les deffigurer,
il ne voulut point du tout verifier cette Declaration. Mais
deux iours apres l’on s’aduisa d’vne artifice & d’vne fourbe
qui estoit tout le secret du ministere ; Sçauoir d’establir vne
Chambre de Iustice par vne seconde Declaration que l’on fit



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