Anonyme [1649], LES RAISONS OV LES MOTIFS VERITABLES DE LA DEFFENSE DV PARLEMENT & des Habitans de Paris. Contre les Perturbateurs du repos public, & les Ennemis du Roy & de l’Estat. , françaisRéférence RIM : M0_2967. Cote locale : C_9_5.
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se seruissent de l’authorité que le Parlement luy auoit
donnée, pour enleuer le President Barillon au milieu de Paris
& à la face de tous les peuples, dont il auoit esté le Pere & le
veritable conseruateur.

 

Ce sacrifice n’eut pas esté parfait s’il n’eut esté sanglant, &
si la victime n’eut esté entierement consommée. Apres auoir
donc fait conduire cét illustre Heros dans le Chasteau de Pignerole
sans aucune formalité de Iustice, & contre les Loix
les plus generales du Royaume, qui deffendent ces emprisonnemens
violens, & que l’on mene les prisonniers en des
Prouinces estrangeres, & pendant qu’on entretenoit le Parlement
& la famille de ce President, d’vne prompte liberté,
l’on reçeut incontinent la nouuelle de sa mort precipitée, &
de quelques-vns de ses domestiques, qui pour leur fidelité receurent
le mesme sort, & vne fin aussi cruelle & aussi malheureuse.

La vieillesse de Monsieur Gayan President aux Enquestes,
& les incommoditez qu’il souffroit pour lors dans sa santé ne
fleschirent point aussi ces deux Perturbateurs du repos public,
& ces deux ennemis de l’Estat. On le fit sortir de Paris au milieu
de la nuict sans luy donner le temps de prendre seulement
aucun équipage, & on le conduisit à Chasteau-gontier, qui
estoit le lieu de sa retraite & de son bannissement.

Plusieurs de Messieurs ne reçeurent pas aussi de traictemens
plus doux, ayant esté relegués en d’autres endroits du Royaume,
pour s’estre opposez courageusement à la violence du Ministere,
& deffendu la cause publique.

Toutes ces submissions volontaires du Parlement, qui eur
pû dés lors reclamer la Iustice & l’authorité des Loix, qui ne
veulent pas qu’on puisse troubler le seruice des Officiers ny
la fonction de leurs charges, qu’en leur faisant faire leur procez
par les voyes ordinaires, enflerent encore le cœur & la
superbe de ces deux ennemis du genre humain & de la societé
ciuile, car ayant perdu la memoire de leur naissance, & du
neant dont ils auoient esté tirés, ils rendent toutes les puissances
de l’Estat captiues, il n’y a rien qui puisse resister à
leur violence & à leur fureur.

Le Parlement, quoy qu’engagé dans l’oppression publique,



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