Anonyme [1649], LES RAISONS OV LES MOTIFS VERITABLES DE LA DEFFENSE DV PARLEMENT & des Habitans de Paris. Contre les Perturbateurs du repos public, & les Ennemis du Roy & de l’Estat. , françaisRéférence RIM : M0_2967. Cote locale : A_8_19.
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& qui conseruoit l’amour des vns & la soumission des autres.

 

Ce desordre public n’a point eu d’autre principe que l’ambition
des Ministres & des Fauoris, ausquels nos Princes ayant
abandonné la conduite de leurs Estats & toute leur authorité,
Ils ont tres-mal vsé d’vn pouuoir qui ne leur appartenoit pas,
& changé entierement la face de nostre Empire, afin que nous
faisans perdre les loix de nos Peres, ils peussent faire vne domination
d’esclaues, & destruire tout ce qui s’opposeroit à
l’insolence de leurs desseins & de leurs entreprises criminelles.

Il seroit inutile de rechercher des exemples de cette verité
dans les siecles passez, il ne faut que faire vn petit retour sur
nous mesmes, pour découurir le couronnement de la tyrannie,
& comme l’on a rauagé tout le Royaume, & fait changer
de nom & de titre aux François, tant jaloux de leur liberté.

Tout le monde sçait que le Ministere du Cardinal de Richelieu
n’a esté celebre que par le bouleuersement de toute
l’Europe, où il a mis le feu de tous les costés, & qu’il ne s’est
cimenté que par le sang, & le meurtre d’vne infinité de personnes
Illustres qu’il a sacrifiées à sa vengeance, & à l’iniustice
de ses passions. Les Princes mesmes & tous les Grands du
Royaume ont esté les premiers objets de sa fureur ; Il n’y a
point de juste dans l’Estat qu’il n’ait cruellement persecuté ;
les vns par des prisons perpetuelles où ils ont finy malheureusement
leurs jours, les autres par le poison & des morts precipitées ;
plusieurs par des supplices honteux, & de fausses accusations.
Enfin il a consommé pendant son Ministere tout ce
que l’enfer peut inspirer pour affliger l’innocence, & la rendre
malheureuse.

Il estoit monté à vn si haut poinct d’insolence, qu’apres s’estre
saisi des meilleures places du Royaume & des ports les
plus fameux & les plus considerables, il traittoit le Roy comme
s’il en eust esté le maistre & le souuerain. Ses gardes entroient
iusques dans le cabinet du Prince, qui n’estoit pas
mesme en seureté au milieu de sa Cour, ayant corrompu tous
ses Officiers, & gaigné tous ceux qui approchoiẽt sa personne.

Sa mort tant desirée auoit leué l’enseigne de l’esperance,



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