Anonyme [1649], LES RAISONS OV LES MOTIFS VERITABLES DE LA DEFFENSE DV PARLEMENT & des Habitans de Paris. Contre les Perturbateurs du repos public, & les Ennemis du Roy & de l’Estat. , françaisRéférence RIM : M0_2967. Cote locale : A_8_19.
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par leurs charges, par leurs emplois, & par leur propre
vertu, se sont aussi rangez de ce party pour y deffendre la
cause commune, & la liberté de leur paїs, ils ont protesté de
perir ou de rompre les chaisnes que la violence du ministere
auoit dõnées au peuple, comme à des forçats & à des esclaues.

 

Monsieur le Coadjuteur de Paris, l’Vniuersité & les principaux
Prelats du Royaume, ont aussi condamné publiquement
la tyrannie du Cardinal Mazarin, & confirmé tous les
Princes dans le bon dessein qu’ils auoient d’en tirer la vengeance
publique. Tellement que l’on peut dire que les trois
Estats sont vnis au Parlement pour maintenir l’authorité du
Roy, & chasser ceux qui s’en sont iniustement emparez.

Le Parlement est mesme bien asseuré, que la pluspart de
ceux qui sont demeurez en Cour n’y ont esté iusques à present,
que par des raisons de bien-seance, ou retenus par force,
& qu’ils voudroient auoir part à la gloire d’vne si belle
action, plustost que de trauailler à la destruire.

Monsieur le Duc d’Orleans mesme n’y est plus engagé d’inclination,
il n’y demeure parce qu’il n’en peut pas sortir. Madame
la Duchesse sa femme, & Mademoiselle sa fille & tous
ceux de sa Maison font tous les iours des imprecations contre
ceux qui luy ont donné de si pernicieux conseils, & qui
sont les autheurs d’vne si funeste & si malheureuse entreprise.

C’est donc la cause de Dieu, puis que c’est la cause publique.
Car de l’autre costé l’on n’y voit point d’autre raison
que la deffense d’vn tyran, qui a dissipé toutes les Finances
du Roy, ou qui les a transportées en des Prouinces Estrangeres,
s’estant trouué sur le Registre des Banquiers, qui ont
negotié ses affaires, plus de cent soixante & dix-huit millions
de liures, qui ont esté enuoyées de son ordre & sous son nom
en Italie. Qui a bien eu l’insolence d’emprisonner vn Prince
dés le commencement de son credit & de son regne, pour
luy proposer, & le faire consentir s’il pouuoit, à vn mariage
honteux & infame d’vne de ses niepces, fille de Bourgeois de
Rome, & de simples artisans, qui mesme à tant de fois
engagé l’honneur & la vie de Monsieur le Prince, qui est auiourd’huy



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