Anonyme [1649], LES RAISONS OV LES MOTIFS VERITABLES DE LA DEFFENSE DV PARLEMENT & des Habitans de Paris. Contre les Perturbateurs du repos public, & les Ennemis du Roy & de l’Estat. , françaisRéférence RIM : M0_2967. Cote locale : A_8_19.
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matin, où il estoit detenu malade il y auoir des-ja quelques
iours.

 

L’on fait sortir le Roy de Paris vne heure apres, sans tambour
& sans trompette, l’on enuoye chez tous les Princes &
toutes les Princesses pour se rendre à Saint Germain, leur
faisant croire qu’il n’y auoit point de seureté pour eux dans
Paris.

Toute la Cour ayant suiui, non pas comme complice de cet
enleuement, car il y auoit peu de personnes qui en eussent le
secret, mais plustost pour sçauoir quelle en seroit la suite ; Les
Habitans de Paris furent fort surpris d’apprendre, qu’on leur
auoit dérobé leur Maistre & leur Roy.

Ils font reflexion sur le dessein qu’auoient fait paroistre les
Ministres il y auoit deux ou trois mois, de perdre la Ville, &
de l’assieger pour se vanger de ce qu’on les auoit obligez de
rendre d’Illustres prisonniers, qui auoient deffendu la cause
publique, & maintenu l’authorité Royale.

Ils sçauent aussi qu’il y a grand nombre de troupes qui
estoient proches de Paris & sur les aduenuës, qui en menaçoient
les passages, & qui en empeschoient le commerce.
Aussi-tost l’espouuente les prend, ils courent aux armes, &
se saisissent des portes. La Maison de Ville s’assemble pour
pouruoit à cét espouuentable desordre. Elle n’est pas si-tost
assemblée qu’on luy apporte trois lettres, l’vne du Roy,
& les deux autres du Duc d’Orleans & du Prince de Condé.
La lettre du Roy aduertit la Ville de sa sortie de Paris, & des
raisons qu’il auoit euës pour cela. Qu’il auoit creu n’y auoir
point de seureté pour sa personne, y ayant quelques-vns de
son Parlement qui auoient de mauuais desseins contre luy, &
des intelligences secretes auec les Ennemis de son Estat.

Cette accusation ridicule & meschamment inuentée par
le Cardinal & ses adherans, pour trouuer, vn pretexte à leur
crime, & à vn enleuement si horrible que celuy qu’ils auoient
fait de la sacrée personne du Prince, surprit tellement les Officiers
de Ville auec les deux autres lettres des Princes, qui
declaroient que c’estoit de leur aduis que le Roy estoit sorty,
qu’ils porterent tous ces beaux libelles diffamatoires au Parlement,



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