Anonyme [1652], LES PARADOXES DE L’ESLOIGNEMENT DE MAZARIN : Pour sçauoir, I. S’il se tiendra tousiours loin de la Cour, ou si son retour se fera dans peu de iours comme on le croit. II. Si nous deuons nous réjoüir ou nous affliger de son depart. III. Si son esloignement nous produira la paix ou la guerre. IV. Et si nous trouuerons la fin de nos maux en ce bien tant souhaité. AVEC VN CVRIEVX EXAMEN de la conduite & des intentions de Messieurs les Princes, & du Coadjuteur. , françaisRéférence RIM : M0_2678. Cote locale : C_12_37.
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Prince, qui luy témoignoit vn si parfait sentiment
d’vne inclination portée à l’obliger, lors
qu’il l’eust le moins esperé. On sçait en suite
l’effet que produisit l’indignation de la Reine,
qui voyant sa pretention eludée par ce Prince,
resolut de perdre celuy qu’elle n’auoit pû gagner,
& comme elle sacrifioit auparauant les interests
du Coadjuteur à son esperance de vaincre
le Prince, elle tascha vainement de sacrifier ceux
du Prince au ressentiment du Coadjuteur : mais
qui croiroit que dans cette intrigue il fut parlé de
liurer le Prince mort ou vif entre les mains de
son ennemy, soit que luy-mesme en fist la demande,
ou qu’vn President de la part de la Reine
en eust osé faire la proposition, tousiours auec
cette condition de fauoriser le retour du Mazarin.
Quoy qu’il en soit, le Coadjuteur luy-mesme,
fit bien-tost auorter ce grand dessein, ayant
descouuert tout le secret au Duc d’Orleans, auquel
il croyoit porter vne nouuelle fort agreable,
& qui prist aussi grand plaisir à l’entendre,
pour auoir dequoy rendre au Prince de Condé
le change de la reuelation de son premier secret,
comme il fit, auec beaucoup de satisfaction pour
tous les deux.

 

Ainsi toutes ces intrigues n’ayans serui qu’à
faire deux parfaits amis, de deux Princes que la
Reine vouloit diuiser, le Prince de Condé iugeant,



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