Anonyme [1649], LES MOTIFS DE LA TYRANNIE DV CARDINAL MAZARIN. , françaisRéférence RIM : M0_2504. Cote locale : A_6_20.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 6 --

sans estre contrarié de personne ; i’auois fait venir mon frere
que ie fis promouuoir au Cardinalat, moyennant douze millions,
& l’auois rendu Titulaire de l’Archeuesché d’Aix, &
fait Vice-roy de Catalogne, Comme aussi i’auois fait venir
mon Nepueu & mes trois Niepces que ie faisois traitter de
Princes & Princesses, quoy qu’enfans d’artisans mechaniques,
afin d’en faire des alliances dans les plus grandes familles du
Royaume, pour soustenir & continuer ma tyrannie sous l’auctorité
Royale que i’ay vsurpée à la barbe de tous les François,
& fait passer plus de cent soixante millions en especes delà les
monts : Mais comme toutes choses sont subiettes à varieté, &
qu’il n’y a rien de permanent, pendant que ie me diuertissois
aux bouffonneries de quantité de faquins de mon pays, que
i’entretenois icy à graisse d’or, pour amuser la bonté de la Reyne
à voir des Ballets & Comedies, pour luy empescher d’ouyr
les clameurs des Peuples qui gemissoient en langueur sous la
pesanteur d’vne tyrannie insupportable, & pour lesquels i’auois
des yeux de marbre, & des oreilles d’airain : Dieu suscita
l’Auguste Parlement de Paris, qui par des assemblées, où vray-semblablement
le Sainct Esprit presidoit, descouurit la cause
des maux de la Monarchie, & en mesme temps y trouua le remede :
d’où vint que mon aueuglement fut tel, que ie fis arrester
aucuns d’eux, proscrire les autres, & les heurtay si hardiment,
que tout Paris fut esmeu, se mit soubs les armes, me
contraignit honteusement de rendre & rappeller ceux que i’auois
mal traictez. Et comme ce Parlement ne faict rien que
par meure deliberation & bien à propos, il ne voulut rien ordonner
contre moy sur l’Arrest de 1617. dans la creance qu’on
auoit dãs mes promesses, que ie ne me meslerois plus de l’Estat.
Quelque temps se passa que tout estoit calme sous la bonne
foy d’vne Declaration faicte sur la reformation des desordres
que i’auois continuez, laquelle estoit verifiée és Cours Souueraines,
chacun croyoit viure en repos, en attendant la conclusion
de la Paix generale que ie promettois dans peu de temps,
& en moy-mesme ie premeditois vne vengeance contre le Parlement
& le Peuple, ie fis approcher des trouppes de diuers


page précédent(e)

page suivant(e)