Anonyme [1649], LES MAXIMES CHRESTIENNES, ou LES VERITABLES MOYENS POVR maintenir & conseruer LA PAIX. Non est pax impiis dicit Dominus. I. , français, latinRéférence RIM : M0_2424. Cote locale : A_6_14.
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pure folie, leur resonnement vne resuerie, & leurs maximes
toutes contraires aux maximes chrestiennes, qui nous apprennent
que pour conseruer la Paix, l’on doit tousiours entretenir
la guerre. Au temps du deluge, lors que Dieu voulut
tesmoigner aux hommes que ses coleres estoient appaisées, &
que doresnauant, il n’auroit plus pour eux que des douceurs,
des tendresses, des complaisances, il protesta à Noë que
pour preuue infaillible de son amitié & de nostre reconciliation,
il feroit paroistre en l’air & dans les nuës son arc, &
qu’il seroit le signal aussi bien que le caractere de la Paix
qu’il nous auoit iurée. Mais, certes, quelle apparence, dit S.
Augustin, que pour signe de la Paix, il fasse voir des instrumens
de guerre, & que pour tesmoignage de son affection,
il mette sur nos testes des supplices, des fleaux, des chastimens :
Si ce n’est pour nous donner à cognoistre que pour
auoir la veritable paix, il faut estre continuellement en guerre,
& combattre sans cesse nos passions, nos desirs, nos concupiscences.
Dauid ne fut iamais plus malheureux, que lors
qu’il abandonna la guerre, & qu’il voulut se diuertir en vn
temps où les Roys courageux, s’acquierent de la gloire & de
la reputation parmy les combats. Aussi Dieu, qui cherissoit
particulierement le peuple d’Israël, qui estoit le bien-aimé
de son cœur, & en faueur duquel sa puissance à fait tant de
miracles & de merueilles estonnantes, voulut qu’il fut toûjours
parmy les combats, & qu’il passa sa vie au milieu des hazards,
des fatigues, des trauaux, des peines qui se rencontrent
dans le fascheux mestier de la guerre. Pendant qu’il fut
en Egypte, il n’eut ny Paix ny treue, ny relasche ; & l’espace
de quarante ans ; qu’il demeura dans les deserts & dans les solitudes,
il eut tousiours les armes sur le dos, des ennemis en
teste qu’il auoit à combattre & à vaincre ; & vne terre qu’il
deuoit conquerir au peril de son sang & de sa vie. Les saincts
Maccabées, l’honneur des Anciens Capitaines, & la gloire
des premiers Martyrs, ne vescurent qu’en faisant la guerre ;
& leurs plus belles actions ne parurent esclattante qu’à la faueur
des lumieres & des feux, qui sortoient de leurs armes,


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