Anonyme [1649], LES LEÇONS DES TENEBRES DES PARISIENS, OV LES PROPHETIES de Ieremie sont nayuement expliquées suiuant ce qui arriue à present. , françaisRéférence RIM : M0_1808. Cote locale : C_3_1.
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afflictions ? N’est-il pas delaissé de ceux qui le deuroient plus
raisonnablement supporter ? Ses Princes sont ses plus grands
ennemis, & ceux qui luy font la guerre.

 

3. Iudas a changé de lieu à cause de l’affliction, & de la multitude
de ceux qui estoient reduits au seruage. Il s’en est allé autrepart, où il
n’a peu trouuer de repos. Ce qui a fait que tous ceux qui auoient commencé
de persecuter cette pauure ville, se sont jettez tous sur elle, & l’ont
reduite aux abois.

Mazarin c’est ce miserable Iudas, qui ne pouuant plus demeurer
auec nous, s’est eschapé de nos mains pour aller ailleurs,
ne pouuant plus nous affliger dauantage, ny nous reduire en vn
plus grand esclauage. Il est tourmenté de sa propre conscience,
qui ne sçauroit jamais le quitter. Et les Princes en suite le soustenant
contre la raison, ont commencé de nous boucher les
passages, & de nous arrester les viures, ce qui nous a jettez en de
grandes peines.

4. Les chemins de Sion se plaignent, à cause qu’il n’y a personne qui
vienne à la solemnité que l’on auoit coustume de faire : Toutes ses
portes ont esté destruites, ses Prestres ont longuement souspiré, ses filles sont
deuenuës toutes havres & toutes crasseuses, & elle mesme s’est trouuée
oppressée de l’affliction.

Les chemins qui viennent de tous les endroits à la ville, ont
formé des plaintes contre la violence de ceux qui les empeschoient.
Et la solemnité que dit le Prophete n’est-elle pas trop
visible, puis que le jour des Roys on nous empescha de nous réjoüir,
& nostre Caresme prenant ne s’est pas fait en meilleur
estat. On a rompu les Pont-leuis de nos portes, nos Prestres &
nos Religieux ont incessamment souspiré, adressant continuellement
leurs prieres au Ciel ; nos filles deuiennent tristes
& changées, voyant qu’elles n’oseroient esperer durant tous
ces troubles, d’estre mariées. Et toutes ces choses nous sont
sans doute des occasions de tristesse.

5. Ses ennemis se sont droictement posez à la teste, & se sont extremement
enrichis, parce que le Seigneur a parlé sur elle, à cause de la multitude
des pechez qu’elle auoit commis. Ses petits enfans ont esté conduits en
captiuité, deuant les yeux de celuy qui luy causoit tant de trouble.

Le Prince marche luy mesme à la teste de ses soldats, ausquels
il a donné le pillage. Et tout cela bien asseurement n’est arriué
que pour nos pechez : les soldats de nostre party, qui estoient
petits à la verité, parce qu’ils se sont trouuez les plus foibles,
ont esté conduits, à l’aspect du Prince, dans le bois de Vincennes,
& ailleurs.



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