nous, elle ne veut pas estre nostre voisine, sans
vous faire sçauoir la cause pourquoy elle le veut estre,
elle à ouuert ses yeux sur nostre affliction, & à cogneu
que le temps estoit venu de quitter sa demeure pour venir
visiter nos habitations ; Chers Astres ! ne vous plaignez
pas : Ains permettez que la plus supresme Deesse
de vostre harmonie, vienne icy bas, pour exiller les
discords qui ne cesse de regner parmy nous. Ie sçay que
vous le voulez bien, & que vous auez signé l’Arrest de
nostre repos : Que tous vos soins ne tendent qu’à nous
faire viure, & bref que vous n’auez esté creées & mis aux
Cieux que pour nous ayder. C’est vne verité qui aproist
visible à nos yeux : Ne voyons-nous pas que
nos plus grands destructeurs, deuiennent nos amys &
nos deffenseurs : Il faut du moins du sang pour lauer
les. Autels de la guerre, & nul n’est digne guerrier qu’il
ne se repente d’auoir entretenu tels sacrifices : c’est ce
que nous voyons à nos yeux auiourd’huy, és personnes
de Messieurs de Tauannes & de Turenne. Le
premier porté pour le Roy & la Patrie, & l’autre
pour l’interest du Cardinal Mazarin, tout cecy se pourra
manifester dans peu de iours, puis que trois Generaux
se sont abouchez, & n’ont autre desir que de s’vnir
ensemble, ainsi que nous pourrons voir par leurs entretiens
familiers.

Entretien de Messieurs de Thurenne & de Tauannes.

Vendredy dernier, Monsieur de Tauannes, sçachant
que Monsieur de Turenne estoit proche
de luy, il se resolut de l’aller visiter : Et comme il doutoit