Anonyme [1649], LES EFFETS ADMIRABLES DE LA PROVIDENCE DE DIEV SVR LA VILLE DE PARIS ; OV REFLEXIONS DVN THEOLOGIEN enuoyées à vn sien amy solitaire sur les affaires du temps present. , français, latinRéférence RIM : M0_1199. Cote locale : C_7_64.
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les vols, meurtres, pillages, massacres, & autres semblables
hostilitez, que les nations barbares, ie veux dire les Allemans
& Polonois, que le Sicilien a fait venir, excercent
aux enuirons de Paris : Quis talia fando temperet lachrymis,
de maniere, que nous aurions icy assez de sujet de reciter ce
Pseaume, lors que l’Eglise Iudaïque considerant les rauages
& desordres qu’elle souffroit par l’insolence des Caldeens
ses ennemis, disoit, se plaignant à Dieu.

 

O Seigneur ! des Nations prophanes sont venuës icy saccager nos
heritages, polluer vostre Temple, respandre du sang comme
de l’eau aux enuirons de Ierusalem. Nous n’auons qu’à changer
le nom de la ville, & nous y trouuerons le suiet de la
mesme plainte & l’amentation.

Et voila les choses desquelles pour n’estre pas le spectateur,
& n’en entendre pas le bruit, ie souhaiterois d’estre vn
peu à l’escart de Paris, pour quelque temps, & pour cét effet,
estre compagnon de vostre agreable solitude, & témoin
des belles meditations que vous y formez, desquelles pour
vous obliger de me faire part, ie vous en enuoye quelques
vnes des miennes sur l’estat des affaires presentes.

Et premierement, quand ie considere l’insolente audace
du Sicilien, par laquelle, aydé de la facilité qu’il a trouuée
dans les esprits de nos Princes, s’estant éleué en vn degré
d’vne domination tyrannique & honteuse à toute la France,
auiourd’hui pour s’y maintenir, de voir qu’il ioüe à perdre vn
Estat si florissant, qu’il mette toute la France en combustion,
attaque la capitale du Royaume, veüille affamer vne si grande
Ville, faire perir tant d’ames innocentes, & sous pretexte
de quelques testes illustres à qui il en veut, qu’il ne se soucie
pas de perdre le general de toute vne ville, & d’enuelopper
dans vne mesme ruine, les innocens, auec ceux qui luy paroissent
estre coupables.

A vôtre aduis, mon cher Solitaire, ne voila pas dequoi fournir
suffisamment de la meditation à nos esprits, sur les dangereuses
extremitez, esquelles pousse les hommes, le furieux
appetit de regner, auec celuy de la vengeance. Autrefois Caïphe



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