Anonyme [1649], LES DIVINS ARTICLES DE LA PAIX GENERALE. , français, latinRéférence RIM : M0_1165. Cote locale : A_3_20.
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de Prophetes ont deploré ta ruine. Et que de saints ont arrousé
tes Cendres de leurs larmes : Vous mesme mon Seigneur,
vous mon Iesus qui la vistes en sa derniere splendeur, qu’elles
atteintes de douleur ne sentites vous point en preuoyant sa
destruction. Qui n’eust pleuré en vous voyant pleurer sur elle.
Quels souspirs, & qu’elles larmes n’eust elle point elle mesme
meslé auec les vostres si elle en eust sceu le sujet : Mais quoy
que vous fussiez pour le luy faire voir elle y ferma tousiours
les yeux. Et est à la parfin perie dans son aueuglement. Vous
pleuriez pour l’aduertir, & elle n’y prenoit pas garde, vous
l’aduertissiez pour la sauuer, & la voila maintenant perduë
manque de vous auoir escouté.

 

O surdité ! ô aueuglement ! Escoute le toy mon ame, escoutez
le Chrestiens, prestez l’oreille aux semonces interieures
qu’il vous fait de reconciliation, entendez à ses propositions
de paix, n’y faites pas es sourds comme les pauures Iuifs,
soyez sages à leurs despens, & ne faites pas les obstinez, comme
eux, crainte qu’apres vous auoir bien aduertis. Il ne iure
enfin en sa fureur vostre perte comme il iura autrefois la leur.

ARTICLE IV.

Omnis populus eius gemens & quærens panem.

Pauure nation, de n’auoir pas presté l’oreille aux salutaires
semonces de ton Sauueur ! Tu serois encore en
ses bonnes graces, & tu n’y as plus de part. Tu serois encore
dans l’honneur, & te voylà dans le mespris pour n’auoir pas
suiuy ses salutaires conseils. Il t’a donnée en proye à tes
ennemis, & a enfin permis pour punition de ta rebellion au
Traicté de Paix qu’il t’estoit venu proposer, que la guerre
t’aye ruinée & jettée en vn abysme de mal-heurs, d’où tu ne
sçaurois plus te retirer. Tu y croupis, tu y gemis, tu y pourris,
tu t’y plains, tu t’y desespere, tu demande secours, &
personne ne te le donne plus. C’est fait de toy ; c’est fait de
ton ancien bon-heur, jamais plus tu n’y auras de part, l’esperance
en est perduë pour toy & tes enfans. Ton endurcissement
leur a enfin fermé la porte de la misericorde de Dieu :
Il les a abandonnez, il les a reprouuez, & ne veut plus entendre
parler d’eux. Ny les vœux, ny les prieres, ny les sacrifices,
ne peuuent plus rien pour leur reconciliation auec



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