Anonyme [1649], LES CRIS DES PAVVRES AVX PIEDS DE LEVRS MAIESTEZ DEMANDANS LA PAIX. , françaisRéférence RIM : M0_846. Cote locale : C_1_50.
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Nostre mal est si violent, que pour peu que
l’on en differe le remede nous ne serons plus en
estat de le receuoir, & si les corps les plus robustes
succombent aux saignées frequentes, se
peut-il faire que tant de rudes secousses redoublées
sans fin ne nous ayent pas reduits iusques
aux abois.

Certainement, Sire, apres auoir gemy depuis
si long-temps soubs le faix insuportable de
la Guerre, apres n’auoir subsisté que par la seule
esperance d’vn meilleur traittement, s’il faut
que nous perdions maintenant cette esperance,
qui estoit le seul bien qui nous restoit, il ne se
peut que nous ne nous trouuions reduits à cette
extremité, d’estre priuez des alimens que les
maistres les plus seueres accordent à leurs esclaues,
& que la Nature mesme fournit aux moindres
oyseaux.

Permettez nous de vous dire la verité, &
nous vous dirons, que de nous refuser la Paix
que nous ne cesserons de vous demander à mains
joinctes, c’est tarir les deux sources de nostre
vie & de nostre subsistance, c’est prononcer
contre nous & contre nos pauures familles vn
Arrest de mort, & sacrifier à l’appetit d’vn barbare
Estranger vn million d’innocens.

Que diront desormais nos pauures enfans,
quand ils demanderont du pain ? Faudra-il que



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