Anonyme [1649], LES COMBATS DONNEZ SVR LE CHEMIN DE PARIS A Charenton & à Brie-Comte-Robert, les 16 & 18 de ce mois. Où les Parisiens ont eu en deux rencontres plus de six cens cavaliers tüez, blessez ou faits prisonniers. , françaisRéférence RIM : M0_715. Cote locale : A_1_16.
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il souffroit qu’on leur fist cét outrage, veu qu’ils estoyent de mesme
party. Incontinant apres parurent sur la droite vnze escadrons, conduits
par ledit Prince de Marsillac & le Comte de Mata : qui s’avancérent
à tel point que le Comte de Grancé craignant d’estre accablé par
deux Corps, au milieu desquels il se trouvoit, se résolut d’aller droit au
plus grand, vers lequel mesme il pouvoit marcher avec plus de facilité,
parce que la campagne estoit moins coupée de fossés de ce costé là. Ayant
logé la moitié de son infanterie sur sa gauche pour s’oposer au Corps qui
venoit de la ville, & le reste en des rideaux sur sa droite pour favoriser
sa cavalerie : il en laissa le soin au sieur de Clerville Mareschal de bataille :
puis marcha avec cinquante Maistres commandez de tous les
Corps, soustenus par les régimens de la Villette, Gamache, Harcourt &
Montecler, & deffendit qu’on ne tirast que les Parisiens n’eussent tiré ;
lesquels ayant fait les premiers leur descharge de si loin qu’ils blessérent
fort peu de ceux du Roy, firent quelque temps bonne mine, mais elle
ne dura guére : car le premier escadron qui estoit de 200 Maistres ayant
esté enfoncé : deux autres qui à cause de leur grand front évitérent la fureur
du premier choc, poussérent jusques au rideau qui fermoit le poste
que ce Comte avoit choisi pour soustenir l’effort de ces deux Corps :
Mais l’ayant trouvé garni de mousquetaires, ils pliérent des la prémiere
descharge de ceux du Roy, qui se fit si à propos, que douze des Parisiens
estans tombez, tout le reste se renversa sur ceux qui les soustenoyent ;
& de cette confusion nasquit le desordre général de ces 11 escadrons qui
se mirent en fuite, poussez jusqu’au tiers du chemin de Charenton par
le Comte de Grancey, qui ne retourna que pour aller en suite aux 6 escadrons
commandez par les Marquis de Noirmonstier & de Vitry : qui
pour éviter pareil succez se mirent en bataille à la faveur de deux grands
fossez, & y demeurérent jusques à ce que le mauvais temps & le trop
grand voisinage de Brye, qui rendoit l’attaque de ses troupes difficile,
ayant fait résoudre le Comte de Grancey à les quiter, leur donna lieu de
se retirer dans Brie, sans emmener le convoy qu’ils estoient venu chercher :
chacun s’estant fort estonné de la patience qu’eut ledit Marquis
de Noirmontier de voir si maltraiter ces onze escadrons sans brãler pour
leur secours, mesme depuis que leur convoy fut eu seureré dans Brie, où
ils le firent rentrer voyant le péril auquel il estoit. En cette action plus
de 1200 cavaliers Parisiens ont esté defaits, & entr’eux plus de 300 t?ez
ou blessez, la plus grande partie à mort, & 200 prisonniers : parmy lesquels
se trouvent le Marquis de Sillery, Comte de Rozan fils du Comte
de Duras blessé de trois coups, dont l’vn luy cassa la cuisse, & le Capitaine
des gardes du Prince de Marsillac : tous les commandans du


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