Anonyme [1649], LES CALOMNIES DV CARDINAL MAZARIN REFVTEES, ET REIETTEES SVR SON EMINENCE. , françaisRéférence RIM : M0_618. Cote locale : B_13_14.
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different de celles de France dans leur forme, dans leur matiere &
dans leurs circonstances, & partant que le but du Cardinal n’est autre
que d’engager la France dans vne guerre Ciuile, ayant esprouué qu’elle
ne se peut détruire que de ses propres mains.

 

Les Parlemens d’Angleterre se deuroient plutost nommer Estats generaux
que Parlements, comme l’on peut iuger par la description que
l’en vais faire. Ils sont composez de deux Chambres, qu’ils nomment
la Chambre haute & la Chambre basse, autrement la Chambre des Seigneurs
& celle des Communes. La Chambre haute est composée du Clergé,
des Pairs du Royaume, du Roy & des Princes du sang : La Chambre
basse est composée de deux Gentils-hommes de chaque Prouince,
& d’vn Bourgeois de chaque Ville ou Communauté, & de tous les fils
des Nobles qui y ont seance sans eslection. Les gens de Iustice n’y ont
point de voix, & ne s’y trouuent que pour decider les difficultez touchant
ce qui regarde la Loy du Royaume & la Iustice : En quoy ces Parlemens
different extremement des nostres, où les gens de Iustice font le
principal corps. Il y a encore vne autre difference, qui est que les Parlemens
d’Angleterre se font par eslection, & les nostres au contraire. D’où
vient que nous deuons estre bien plus asseurez de la sincerité de nos Parlemens,
parce qu’ils sont tousiours en charge, qu’ils les acheptent cherement,
& les transferent mesme à leurs enfans ; De façon que s’il leur
arriuoit de mal verser, ils sont tousiours remarquez pour cela, & peuuent
estre chastiez de tout le corps par la perte de leurs charges, à leur
grand deshonneur, & au détriment de leurs heritiers. Là où les Parlemens
d’Angleterre ne se formants que par eslection, & pour vn certain
temps seulement que le Roy peut limiter, le Parlement dissoud, chacun
s’en retourne en sa Prouince ; Et s’il arriue que leur conduite ait esté
ruineuse au public, à peine en peut-on reconnoistre les autheurs, & le
pis qu’il leur puisse arriuer est de n’estre pas esleus vne seconde fois.
Outre que la Noblesse & le Clergé y presidants en qualité de Iuges &
d’arbitres, il peut arriuer, par les attachemens qu’ils ont au Souuerain,
qu’ils trahissent la cause du Peuple ; Ce qui ne peut arriuer en nos Parlemens,
où la Noblesse & le Clergé peuuent bien empescher veritablement
qu’on ne fasse tort au Souuerain, mais non pas contraindre le Parlement
d’en faire au peuple. C’est pourquoy ie trouue nostre gouuernement
bien plus juste & plus raisonnable que celuy des Anglois.

Le Parlement d’Angleterre qui fut conuoqué l’an 1640. auquel le
Cardinal Mazarin compare calomnieusement nos Parlemens, en differe
encore bien dauantage dans ses motifs, dans son procedé & dans ses fins ;
& pour en parler sainement, c’estoit plustost vne conspiration, qu’vne
assemblée des Estats generaux, parce qu’ils en esloignerent le Clergé
& la Noblesse, & reduisirent les deux Chambres à vne, marque dés-là
qu’ils en vouloient à la Monarchie, mais disons quelque chose de la nature



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