Anonyme [1649], LES CALOMNIES DV CARDINAL MAZARIN REFVTEES, ET REIETTEES SVR SON EMINENCE. , françaisRéférence RIM : M0_618. Cote locale : B_13_14.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 5 --

& du procedé de cette monstrueuse Assemblée, qui est maintenant
détruite & detestée par ceux mesme qu’elle auoit armés, pour la destruction
de la Noblesse, de la Religion & de la Monarchie.

 

De certaines heresies s’estoient glissées de longue main dans les esprits
d’vne partie des Anglois ; Cette hydre ayant esté connuë quelque temps
par la negligence du Roy Iacques & des Ecclesiastiques de son temps,
se leue enfin sous le regne d’apresent, à la faueur des Escossois, qui se
presenterent auec vne puissante armée sur les frontieres d’Angleterre ;
Les Anglois s’offrent de repousser cét ennemy, pourueu que l’on assemble
les Estats, où les Sectateurs de ces nouuelles heresies firent en sorte
d’auoir place & d’y preualoir en nombre. Le Parlement assemblé, au lieu
de subuenir aux affaires pressantes de l’Estat, ils en changerent toute la
forme, & en ruinerent la felicité auec la Religion, amusant les Escossois
de quelque argent & de promesses mal tenuës. Et quoy que le Roy leur
accordast l’abolition de tous les Imposts, la liberté de tout faire & de
tout reformer, & qui plus est, vn priuilege, qui luy lioit entierement
les mains, qui est que les Estats s’assembleroient de trois ans en trois
ans, & ne se romproient que de leur consentement propre, contre
l’ancienne Prerogatiue Royale, qui donnoit au Roy le pouuoir d’assembler
& de rompre les Estats selon son bon plaisir ; Quoy que le Roy
leur eust accordé la mort de son premier Ministre, l’emprisonnement de
l’Archeuesque de Cantorbery, Chef de l’Eglise Anglicane sous le Roy,
& le bannissement des principaux Officiers de la Couronne & de toutes
les Creatures du Roy. Quoy que le Prince leur accordast la retraite de
la feuë Reyne Mere, qu’il souffrit qu’on donnast la mort à tous ceux
de ses sujets, qui ne vouloient pas embrasser leur nouuelle Religion à
peine esbauchée, Quoy que le Roy leur remit entre les mains les fortes
places & la Milice du Royaume ; & enfin quoy qu’il ne luy restast de
Roy, que le seul nom, ils le forcerent neantmoins de quitter Londres,
pour se sauuer la vie sur quelques tables de son naufrage, Il ne quitta pas
Londres d’vn dessein premedité, comme a fait nostre Reyne, n’ayant
pas vn sol dans ces coffres, ny eu intention de nuire à cette Ville, puis
qu’il y laissoit deux Princes de ses enfans, & au contraire pour mettre
sa personne en seureté, il se transporta aux parties Septentrionales les
plus esloignées de Lõdres : Cette sortie apporta vne joye extraordinaire à
cette Ville ingrate, qui florissoit auec le reste de l’Angleterre plus qu’aucun
autre païs de la Chrestienté ; Ce qui fait iuger aux Politiques, que
leur mal a eu vne cause toute contraire que la nostre, & que la repletion
& l’inanition ont produit le mesme effet en deux corps differens. Le Roy
bien loin d’inuestir Londres, ne craignoit rien tant que d’en approcher,
& l’éuitoit comme vn escueil où il auoit fait naufrage, quoy qu’il eut relasché
tout ce qui se pouuoit, & vuidé le Vaisseau de son authorité de ses
plus belles & anciennes Prerogatiues. Ils arment les premiers, ils vont



page précédent(e)

page suivant(e)