Anonyme [1649], EPILOGVE, OV DERNIER APPAREIL DV BON CITOYEN, Sur les miseres publiques. , français, latinRéférence RIM : M0_1264. Cote locale : A_3_35.
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ainsi, de quelque date que soit l’origine d’vne Monarchie, elle ne
peut pas prescrire la liberté de la nation qui luy a donné l’estre & le
commencement. C’est vne maxime indubitable en Droict, que les
gens de robbe ne doiuent pas ignorer que, Nemo potest sibi mutare
causam [1 mot ill.]. Hue Capet fut esleu par les Estats de France pour
regner equitablement, & suiuant les loix du paїs ; il en fit le serment
solemnel lors de son sacre ; Il a par consequent transmis le Royaume
à sa posterité, à cette mesme condition. Si Louys XI. a entrepris
quelque chose au delà, il a peché contre son deuoir, & contre son
tiltre : & les Estats tenus à Tours sous Charles VIII. son fils, ont esté
bien fondez à remettre les choses en leur premier estat, & dans les
bornes de l’equité. Les Rois qui ont suiuy depuis, se sont maintenus
dans vne louable moderation. Louys XII. a merité le nom de Pere
du peuple. Henry IV. nourry dans la licence des guerres, hors de la
discipline de la vraye Religion, attaqué par les armes, irrité par les
plumes, diffamé par vn million d’inuectiues, estant paruenu en fin à
la Royauté, il s’y est comporté si legalement, qu’il n’a iamais fait
bresche à aucune loy fondamentale de l’Estat, n’a iamais contraint
aucune Compagnie de Iudicature, n’a pas mesme molesté aucun
particulier de ceux qui les composoient, iusques là que pour faire
passer l’Edict de Nantes, il prit soin d’honorer le President Seguier
de l’Ambassade de Venise pour éuiter sa contradiction. Nous sçauons
encore que s’estant échappé à quelque parole vn peu dure contre
le President de Harlay, il le renuoya querir dés le lendemain pour
luy en faire des excuses. C’est pour cette raison, plustost que pour ses
exploits militaires, que nous luy auons donné le tiltre de Grand ; &
ce fut en cette veüe qu’on mit sous son pourtraict (ie pense que ce
fut le Cardinal du Perron :)

 

 


Ce grand Roy que tu vois, de sa guerriere lance
Subjugua ses subjets contre luy reuoltez :
Mais d’vn plus braue cœur, quand il les eut dontez,
Luy-mesme se vainquit, oubliant leur offense.

 

C’est ce modele que le Mareschal de Villeroy deuroit faire voir à
son disciple, & non pas des exemples d’authorité absoluë, que les
Grecs appelleroient tyrannie. Quant à cette clause imperieuse laquelle
on a coustume d’apposer à la fin des Ordonnances & Lettres



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