Anonyme [1649], LES ADVIS Heroiques & importans donnez A Mr LE PRINCE DE CONDÉ Par Monsieur DE CHASTILLON, reuenu de l’autre monde. Par l’Autheur mesme des Triolets. , françaisRéférence RIM : M0_514. Cote locale : D_2_22.
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Dieu conduira ta flotte, & reglera le vent ;
Force tous les Anglois qui t’iront au deuant,
Abaisse ce Tyran que son armée estime,
Qui fait insolemment le Prince legitime,
Ce Farfax inhumain autant que déloyal,
Qui veut pour s’etablir, perdre le sang Royal ;
Mais fay perir le sien, éleue tout de testes
Vn trophée à ta gloire apres mille Conquestes.
Romp tout ce Parlement ; qui rõpant tous les drois,
Condamne iniustement ses Reynes & ses Roys ;
Condamne-le au contraire, & cherche auec iustice.
Pour vn horrible crime, vn horrible supplice :
Ren ton nom immortel à seruir vn Roy mort,
Mais sers à ses enfans de pere & de support :
Va conquerir pour eux tant de belles Prouinces,
Tu seras plus qu’vn Roy de rétablit des Princes :
Mais rétably Dieu mesme en ce maudit Païs,
Où les Saincts sont brûlez & les Prestres haïs :
Fay qu’il n’ait plus le Prêche, & par tes bons exẽples,
Comme par ta valeur, ren la Messe à ses Temples.
Ainsi ta renommée ira par tous les lieux,
Tu seras estimé de la Terre & des Cieux ;
Et lors que les mortels chanteront tes loüanges,
L’Echo les redira dans la bouche des Anges.
Va ne differe plus de prendre vn tel Employ,
Il est iuste, il est grand, il est digne de toy,
Ren vn si bon office à ta haute vaillance ;
Ren aux tristes Bourgeois le calme & l’abondance,
Aux meres leurs enfans, aux femmes leurs maris ;
Va, Londres te demande, abandonne Paris,
Quitte ce Cardinal que la colere enflâme ;
Fuy les cris des Frãçois, fuy les pleurs de ma femme ;
A ces mots la douleur m’en leue de ce lieu,
Et ie n’ay plus de voix que pour te dire Adieu.

 

Aduis particulier de l’Autheur à Mr le Prince.

 


TOY qui pren des senteurs & des parfuns diuers
Approche toy du Lys pendant cette Cãpagne,
Puis va fourrer ta main dans vn beau Gang d’Espagne,
Et tu sentiras bon au nez de l’Vniuers.

 

FIN.



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