Anonyme [1649], LES ADVIS Heroiques & importans donnez A Mr LE PRINCE DE CONDÉ Par Monsieur DE CHASTILLON, reuenu de l’autre monde. Par l’Autheur mesme des Triolets. , françaisRéférence RIM : M0_514. Cote locale : D_2_22.
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Suy doncques mon conseil, abandonne le tien,
Et pour estre si Grand ne sois pas moins Chrestien :
C’est à toy de punir de si noires offences,
C’est à toy d’empescher toutes ces violences,
Et que des loups armez n’agissants que pour eux,
Ne succent tout le sang d’vn peuple malheureux.
C’est à ces beaux exploits que ta troupe est habile,
Espargne au moins les chãps, mais espargne la Ville,
Quoy ! ruiner paris, l’honneur de l’Vniuers,
Pour perdre en mesme temps tant de charmes diuers ?
Quoy ! ce puissant paris, cet abregé du monde,
Sur qui l’authorité des Monarques se fonde ?
Ce rauissant Paris, l’agreable sejour,
Des Princes des Beautez, & de toute la Cour ?
Quoy ! d’vn lieu le plus beau qui soit dans la nature,
Faire vn affreux desert, vn ample sepulture,
Vn Chaos plein d’horreur, vn amas de tombeaux,
Vn seiour de serpens, de loups & de corbeaux ?
O dessein trop funeste : ô guerre trop barbare !
Digne, nõ d’vn François, mais plustost d’vn Tartare !
Helas ! contente toy de l’auoir alarmé,
Sans trauailler encore à le rendre affamé.
Quel plaisir aurois-tu de le voir en tristesse,
Et ses Bourgeois trancis expirer de foiblesse ?
Quel plaisir aurois-tu qu’ils se fussent nourris,
De cheuaux, & de chiens, de chats & de souris ?
Et pourrois tu souffrir que dans cette misere,
Vn enfant fust rosty pour sustenter sa mere ?
Ah ! si tu le pouuois, ton cœur dénaturé
Meriteroit alors d’estre aussi deuoré :
Mais ie connois le fons de ton ame guerriere,
Elle n’est que vaillante, & non pas carnassiere :
Non, le sang de Bourbon & de Montmorency
Ne t’a pas fait vz cœur à ce poinct endurcy,
Il se fendroit sans doute à ce triste spectacle,
Et voudroit bien alors y mettre quelque obstacle.
Fay-le quand il est temps, & ne t’obstine pas
A causer dans paris vn general trépas ;
Crain sa force inoüye & son ardent courage,
Crain des desesperez animez par sa rage,
Et quittant vn dessein qui t’est iniurieux,
Preuien les derniers coup d’vn peuple furieux
I’entens desia du bruit, il demande la guerre,
Garde toy de la foudre apres ce grand tonnerre,

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