Anonyme [1649], LE VRAY PARISIEN, ET LA HARANGVE D’VN BOVRGEOIS, Faite à ses Compagnons allant au dernier Conuoy. , françaisRéférence RIM : M0_4071. Cote locale : A_5_106.
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les larmes au visage. Si la Iustice est ordinairement
suiuie de la victoire ; Si la vertu se trouue armée contre toute
atteinte ; Et si le Ciel a accoustumé de fauoriser l’innocence
oppressée. Que craignons nous ? Ou que n’esperons
nous pas dans cette rencontre ? Nos ennemis sont forts en
apparence, mais foibles en effet. Ils sont enyurez de delices ;
Ils sont accablez des pillages, & du butin qu’ils ont
volez de toutes paris, & nous sommes appuyez en la confience
du Dieu des Batailles, dont nous deffendons les Autels,
& que ces sacrileges ont polué. Qui nous pourra vaincre
si nous sommes assistez de ce bras, soubs lequel fleschisent
les Sceptres de toutes les puissances humaines ? Courage,
mes compagnons, que ce soit pour la derniere fois que
ie vous anime à ce iuste combat. Si vous n’aymez mieux
rougir de honte que du sang de vos ennemis ? Ie vous recommande
cette action au nom de vostre propre salut, pour
la seureté de vos vies, pour le repos de vos familles, & l’honneur
de vostre pays.

 

Vn bruict de voix parlant du cœur de tous ses compagnons
respondit à ces paroles, par l’expression d’vn desir
violent de combattre & vaincre les ennemi, par tout où ils
se presenteront : Et charmez des vertus de ce Noble Bourgeois,
ils ne respirerent plus qu’vne guerre ouuerte, pour
chasser Mazarin de cét Estat, & r’appeller vne Paix immortelle,
qui fasse incessamment refleurir les Lys sur la teste sacrée
de nostre ieune Roy.



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