tesmoigne en faire plus d’instance. Donc l’insensibilité à
la paix generale, dont tu accuse nos Princes, n’est qu’vne
couleur à ton desespoir, & non point vne verité, puis qu’en
effet ils en remettent les premieres circonstances au pouuoir
des autres interessés, ne retenant de leur part que cette
genereuse resolution de la conclure au contentement
d’vn chacun.

Tu adiouste encore que ce n’est pas vne paix, parce qu’il
ne s’y est rien traité pour nostre repos, & la seureté de nos
vies & de nos biens. Meschanceté inouïe l’artifice enragé !
pretexte malicieux de nouuelle diuision ! N’est-ce
pas trauailler pour nostre repos que de laisser la liberté du
commerce, ouurir les passages des chemins & des Riuieres,
& d’esloigner les gens de guerre ? N’est-ce pas trauailler
à la seureté de nos vies & de nos biens, que de nous
procurer l’abondance de toutes choses comme dans les
saisons plus tranquilles, nous permettre la garde des portes,
& laisser en nostre disposition les lieux fortifiés, dont
la veuë nous fait ombrage ? Enfin n’est-ce pas nous mettre
dans vne entiere assurance de nos personnes, & de
nos heritages, de publier vne amnistie vniuerselle, nous
restablir auecque honneur dans l’exercice de nos charges,
emplois, & fonctions, dans la iouyssance de nos biens, &
mesme pouruoir au soulagement des charges que nous auõs
souffertes durant les troubles, & au dédommagement des
degasts qui ont esté faits dessus nos terres, selon I’estat des
informations que l’on nous permet d’en faire ? C’est donc
mal à propos que tu t’es force à nous faire perdre le goust
de la paix qui nous est presentée auec tant d’auantage, puis
que les abolitions, les eslargissements, les ouuertures du
commerce, les restablissements, & les descharges, sont des
tesmoignages euidents de la confiance que chacun y doit
prendre, & des preuues de sa fermeté.

Mais quoy ! vautour insatiable qui te nourris de mesdisance
& denuie, tu as bien l’insolence d’addresser aussi tes
imprecations contre l’integrité de ceux qui nous ont mesnagé