Anonyme [1649], LE VRAY AMATEVR DE LA PAIX, CONTRE LES ADVIS dangereux du Libelle intitulé, ADVIS SALVTAIRE & genereux, &c. , françaisRéférence RIM : M0_4065. Cote locale : A_5_101.
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d’instance son esloignement ? & que si cette retraite ne se fait
pas si tost que nous le desirons, ce retardement ne va
qu’à maintenir l’auctorité souueraine, qui doit estre inuiolable
en sa conduite, comme elle l’est en sa succession. Ie
te souffre dire que ce personnage soit impie, scelerat, &
d’estructeur ainsi que tu declame, ie demeure mesme d’accord
si tu veux, & ainsi que tu dis, que ses maximes sont
violentes, ses paroles doubles & remplies de fourbes, &
qu’il n’est que trop clair qu’il a enleué nos richesses, non
point pour en fournir l’espargne de sa maisõ, mais biẽ pour
emplir ses coffres de nos des poüilles. Mais aussi faut il que
tu m’auoüe qu’il est Ministre de cet Estat, & partant qu’il
n’appartient qu’à la seule main qui l’a esleué à ce glorieux
employ, de luy en faire quitter le rang, sans qu’il soit permis
à pas vn des suiets de prendre la cognoissance de semblables
affaires pour les violenter par les armes. Si donc
il est tel qu’on le publie, & que la Reyne apres auoir examiné
les remonstrances qu’on luy en a faites, vient à recognoistre
que sa façon d’agir est dangereuse au bien du
Royaume, personne ne doit estre en doute qu’elle ne s’en
defasse, ou que si elle le veut retenir pour quelque temps,
afin qu’il ne soit point dit qu’elle a consenty par force à
l’esloigner plustost que par vn effet de son iugement, elle
ne se deffie de ses conseils, & n’en suiue de meilleurs,
quand elle consultera en elle mesme cette bonté qui luy
est naturelle, & ces inclinations Royalles qui luy inspireront
tousiours l’amour de ses peuples & le desir de leur cõseruation,
aussi bien que de la Monarchie. Alors il arriuera
à cét estranger que le mes pris qu’on fera de sa personne,
& le peu de cas qu’on tiendra de ses aduis luy causeront
plus de desplaisir que son absence.

 

Tu poursuis de dire que ce n’est pas vne paix, parce
qu’on fait reuiure la maltote, & qu’on nous prepare vne
imposition de quinze millions. Ie ne sçais si tu és nay aueugle,
ou si c’est ta malice qui te creue les yeux ; mais tu
n’as point leu, ou malicieusement tu veux ignorer les termes



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