espaces de vostre ame, capables de contenir vne
infinité de mondes la permy ; les applaudissemens
que le Ciel & vostre conscience donnent à vos
bonnes œuures, avec cette diuine renommée qui
n’a point d’aisles, parce que sans mouuement
successif, elle répand en vn instant des voix d’allegresses
dans les vastes étenduës de vostre cœur ;
moqués-vous des murmures que l’enuie fait dans
vn petit coin de terre, & que la rage de vos ennemis
n’empesche pas la gloire de vostre triumphe.

Croyez moy, c’est acheuer vos victoires sur le
monde, de mespriser non seulement ses faueurs,
mais encor ses mespris, & de le mettre dans cette
derniere impuissance de vous offencer. Que si
vous n’auez pas encore assez de generosité pour
vous éleuer au dessus de l’opinion, pour agir auec
vne independance de souuerain, qui ne regle pas
ses conseils sur les sentimens inconsiderés d’vn
peuple : si vostre vertu se croit estre dans l’oppression,
quand on la charge de calomnie ; si elle est
encore si sensible aux alterations du monde, elle
a dequoy se consoler dans cette mesme vicissitude
qui fait sa disgrace. L’innocence a tant de fois
triomphé de la Calomnie, le temps donne tousiours
des victoires si asseurées à la verité sur le
mensonge, que les loix ciuiles ne mettent pas la
crainte d’vne fausse accusation entre celles qui
peuvent violenter vn bon courage, & qui portent