Anonyme [1649], LE VERITABLE TABLEAV DE LA CALOMNIE ET LE PORTRAICT DES Medisans, exposez en public, par la Vertu triomphante du Vice. AVEC VN DISCOVR MORAL, SVR le mesme sujet. , françaisRéférence RIM : M0_3965. Cote locale : C_10_26.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 13 --

puoit, repondit, que la cause de cette puanteur
venoit, d’auoir l’aissé moisir plusieurs secrets. Cela
se peut entendre, non pas seulement des secrets
d’autruy : mais des secrets propres, & à dire vray,
quiconque veut tenir ses pensée secrettes qu’il ne
les découure à personne, & qu’il soit le secretaire
de soy mesme.

 

La malice des medisans Faussaires est si grande,
qu’ordinairement ils accusent d’auoir dit ou d’auoir
fait, quelque chose à quoy l’on n’eut iamais
pensé, c’est pour quoy l’on reçoit bien souuent
vne iniure de deux personnes, à sçauoir des medisans,
& de celuy qui sans s’informer du fait adioute
foy à la calomnie dont il est entretenu. Que
c’est là vn grãd vice ie mets encore au rang de ses
faussaires, ceux qui ayant dit vne chose de bon
sens, se plaisent à luy vouloir donner vne fausse,
& mauuaise interpretation.

Les calomniateurs qui mordent, suiuent les
faussaires, & c’est de la bouche de ces gens-la,
qu’il sort quelquefois des discours, qui blessent
plus outrageusement les cœurs, que des trais
bien piquans. Encore que ces personnes medisent,
& se gaussent bien souuent selon la verité,
ils ne laissent pas d’estre vicieux, parce qu’ils agissent
par vne mauuaise volonté, qui fait qu’ils en
doiuent estre blasmez & mal voulus. Ces libertains
sont si indiscrets & si insolens, qu’ils ayment
mieux perdre vn bon amy, qu’vne mauuaise parole :



page précédent(e)

page suivant(e)