Anonyme [1652], LE VERITABLE MANIFESTE DE MONSEIGNEVR LE PRINCE Touchant les raisons & motifs de sa sortie, & les protestations qu’il fait aux Parisiens qu’il n’abandonnera iamais leurs interests. , français, latinRéférence RIM : M0_3942. Cote locale : B_20_27.
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rappelle dans Paris, en vit de paroistre en vn moment tous ces ponpeux apareils
qui se faisoient auparauant pour vn traité de Paix ; & reprendre à la Cour
cette premiere fierté qui l’auoit auparauant opiniastree a ne vouloir iamais
entendre parler de Paix qu’auec des conditions impossibles.

 

Cette Politique contraire à nos mœurs & à nos loix, fit trop manifestement
connoistre a S. A. R. & à tout nostre conseil, que la Paix de l’Estat ne feroit
iamais l’ouurage des negotiatiõs ; & qu’a moins que de l’attacher des mains
de la Cour par la force, il falloit se resoudre de voir la desolation de la France
par la continuation de cette guerre lente, qui ne produisoit rien que des
remises ; & qui ne faisoit maistre que des commencemens, sans les faire
iamais escloir en des derniers succez.

Ainsi sur cette connoissance des mauuaises intentions de la Cour rafermissant
le nœud de cette premiere intelligence qui ne us auoit si fortement
vnis pour le restablissement de l authorité Royalle & du repos des peuples,
Nous auons resolu d’y proceder auec plus de vigueurs ; & de ne vous laisser
plus long temps languir dans l’incertitude d’vn bien, qui ne nous a esté refusé
iusques a present, que parce que nos soumissions ont esté traittées auec
mespris, & que la Cour a eu le temps de s’emporter à toute sorte d’extremitez,
pendant que le respect que nous deuions à sa Maiesté nous obligent
également de borner toute nostre conduite dans les termes d’vne parfaite
moderation.

Aussi estoit il de nostre deuoir, de faire en sorte par la modestie de nos
poursuites, que les plus simples mesmes ne fussent point en estat d’y pouuoir
soubçonner aucune mauuaise intention, comme en effet nous n’en auons
iamais eu que de tres aduentageuses. Il falloit que la Cour ne nous peut pas
reprocher aucune violence, & qu’en nous rencontrant tousiours souples,
mesme dans nos plus grands aduantages à receuoir toutes les dispositions de
la Paix, elle fut obligée de trahir l’infidelité de ses intentions, par la necessité
fatalle de trouuer des intrigues, qui pussent broüiller les affaires, lors
qu’elles estoient sur le point de se voir terminées par vn heureux accommodement.
Il falloit que les peuples fussent entierement conuaincus de
l’innocence de nos desseins, & qu’estant contraints de ne blasmer en nostre
conduite qu’vn excez de moderation, ils ne peussent nullement douter
de la necessité qu’ils auoient de se ietter entre nos bras & de croire que
leurs interests & les nostres estoient inseparables dans cette coniuncture.

Enfin nous en auons donné de reste à la Cour : Nous en auons donné
de reste aux peuples, que des impressions estrangeres n’ont point ietté
dans vne creance contraire à celle qu’ils peuuent fort raisonnablement fondez
sur nostre sincerité. Nous auons agy par supplications auec la Cour :
Nous nous sommes comportez auec tous les respects imaginables : Nous
nous sommes maintenus dans la moderation pendant qu’elle s’emportoit
impunement à toute sorte d’extremitez : Nous auons parlé d’vne mesme
voix pendant nos aduantages & pendant nos desaduantages : si ces derniers
ne nous ont point abbatus, ces premiers ne nous ont pas aussi tendus insolens,



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