Anonyme [1652], LE VERITABLE MANIFESTE DE LA FRANCE, A SON ALTESSE ROYALE ET A MESSIEVRS DV PARLEMENT, SVR LES DESORDRES DES GENS DE GVERRES. , françaisRéférence RIM : M0_3941. Cote locale : B_5_36.
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fois & plus fascheux que le mal mesme, & que les François
versent tout leur sang, les vns contre les autres, pour
puis apres deuenir les esclaues de leurs ennemis & faire
changer de face à la plus redoutable & la plus florissante
de toutes les Monarchies. Que diront les amis & les alliez
de cette Couronne ? Que ne feront point les ennemis ?
Quel iugement en feront les autres nations ? Qu’elle
gloire & Qu’elle reputation reputation produira
vne telle leuée de Bouclier, & qu’en croira la posterité ?
Estrange aueuglement que ceux qui sont aujourd’huy
les Maistres & les Arbitres de la Chrestienté, soient peut
estre obligez demain de se sous-mettre, & que des victorieux
ayent la honte & la confusion de receuoir la loy
des vaincus.

 

Le Roy ne demaude que de l’obeïssance, & ceux de
Paris n’ont point d’autre pensee que de luy en rendre ; &
sans entrer plus auant dans de grandes irruptions ny faire
des actes inoüys d’hostelité, ne vaut il pas mieux se reconcillier
de bonne heure & n’attendré pas que le desordre
soit monté à vn exceds qui le rende irreparable.

Faites grand Prince, qu’vn fauorable accord preuienne
vne infinité de pilliages, d’incendies, de sacrileges, de
viollemens, de meurtres, de l’arcins & de tant d’autres
meschancetez qui sont en vsage, & que la guerre ciuille
pratique ? Et dans les malheurs dont l’aduenir nous menace,
faites voir qu’il est aussi d’angereux de vaincre que
d’estre vaincu, puisque les victorieux ne remportetont
que de funestes trophées & des desplaisirs immortels,
d’auoir combatu les vns contre les autres.

Vostre Al. R. qui est issuë de l’illustre tige de nos Rois,



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