Anonyme [1652], LE TYMBRE DE L’HOSTEL DE VILLE, PARLANT AV CARDINAL MAZARIN, SVR LES ASSEMBLEES DES PRINCES. , françaisRéférence RIM : M0_3902. Cote locale : B_12_39.
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point occuppé, i’ay veu ce que ie ne veux point vous
celer, i’ay veu ces grands Princes arriuer plusieurs
fois dans l’Hostel de Ville, où ie suis sur le grand
portail, se venir plaindre de vos actions, deposer
tant & tant de crimes dont ils soustiennent iustement,
que vous vous estes noircy, que moy-mesme
i’en ay demeuré muet en les écoutant. Bien dauantage,
ils sont tellement picquez contre vous, que ny
le respect de leur condition Royale, ny celuy qu’ils
ont tousiours fait paroistre de porter au Sceptre François,
& à celuy qui l’a sur le chef, ne seront point
sans doute capables de les empescher de vous perdre ;
ie tremblois pour vous en attendant leurs menaces,
& ie vous iure que si i’eusse esté capable de leur indignation,
& que de telles disgraces eussent pû s’addresser
à moy, tout insensible que ie suis, i’eusse bien
tost sorty de ma place, & me fusse resolu de m’aller
embarquer sur quelque vaisseau pour l’Amerique,
où ie vous conseillerois volontiers d’aller. Mais
non, ie me reprens, ie vous conseille plustost de
laisser-là en repos ces pauures peuples nouueaux, car
vostre humeur turbulante ne leur apporteroit que
du trouble, ioint que vostre destinée ne vous permet
pas d’eschaper du supplice qui vous attend, comme
i’espere assés prés de moy, car ie pense que la Iustice
diuine vous garde le mesme chastiment qu’à vn de
vos creanciers, que i’ay veu se perdre en la mesme
Ville où vous esperé impudemment de venir, & par
les mains du mesme peuple que vous auez offencé ;


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