Anonyme [1649], LA FVREVR DES NORMANS CONTRE LES MAZARINISTES. , français, latinRéférence RIM : M0_1460. Cote locale : E_1_57.
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loin, & portant les armes contre elle, portoir
leurs esperances iusques à sa ruine : mais aussi en
mourant il a tesmoigné qu’il luy estoit plus glorieux
de la laisser triompher de sa mort, que d’eleuer
de son debris vn monument à l’ambition
de ses ennemis : car il estimoit que c’estoit vn
malheur que de vaincre, & de ne vaincre pas, &
qu’il falloit aller chercher le trespas & l’embrasser
comme son bon-heur au milieu de ces deux
extremitez, qui partageoient mutuellement
son cœur, & qui ne pouuoient luy presenter vn
bien sans vn mal, & luy donner la victoire sans
le déplaisir d’auoir vaincu : toutes fois il est allé
au combat, car sa foy l’y engageoit ; il y a laissé
la vie, parce que l’amour qu’il portoit à sa Patrie,
ne pouuoit souffrir qu’il l’employast contre celle
qui luy auoit liberalement donnée. Cecy paroist
euidemment dans les bons sentimens, qu’il
estouffoit dans l’obeyssance qui l’attachoit au
seruice du Prince de Condé, & qu’il a fait paroistre
auec éclat vn peu auant mourir, semblable
à ces flambeaux qui iettent plus de lumiere
au poinct qu’ils se consument, & à ces cygnes
qui semblent attirer la mort par les charmes de
leurs chants, & l’appeller à haute voix.

 

Miserum est
ciuili vincere
bello. Lucan.
lib. 7.

Omnia sunt
in bellis ciuilibus
misera,
sed nihil miserius,
quam
ipsa victoria.
Cic. 1. 4. ep. 9.
Calamitosum
est cum eo
confligere,
qui eiusdem
gentis.
Xiphil. in
Antonin.

Cette approbation, que la Iustice de nostre
guerre a arrachée à nos ennemis, doit inspirer du
courage à la lascheté mesme, & nous rendre furieux,
puisque nos ennemis confessent, que nous
le serons iustement : Il ne faut pas que la temerité



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