Anonyme [[s. d.]], L'OVY-DIRE DE LA COVR. , françaisRéférence RIM : M0_2636. Cote locale : A_6_50.
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crainte que leur argent ne les fassent perdre,
& qu’apres s’estre despouillez, on ne les destine
à la mort, comme des victimes engraissées du
sang des pauures, qu’il faut sacrifier aux plaintes
publiques d’vn peuples qui demande vengeance.
Enfin tout y est contrefait, iusques au Prince
de Conty qui a le corps bossu, & iusques au
Duc d’Orleans qui a l’ame de trauers auec vous
ouy dire que la Cour de France ressemble celle
de Vespasian Empereur de Rome, ou la vertu
estoit mesprisée, & le vice en estime, ou les méchans
estoient fauorisez, & les gens de bien mal
reçeus, où l’on blasmoit ce qui estoit louable, &
où l’on loüoit les actions digne de blasme & de
reproche, où la fourberie passoit pour addresse
d’esprit, la vengeance pour iustice, la dissimulation
pour prudence, la chasteté pour foiblesse :
Auez vous ouy dire que les filles de la Reyne
s’ennuye que le Roy ne retourne à Paris, pour
voir reuenir en Cour tous les galands. Auez
vous ouy dire que le Grand Maistre est deuenu
passionne de Madame de Montbason, & s’il n’auoit
les gouttes qui l’empeschent de marcher
qu’il attraperoit cette Nymphe à la course, &
l’obligeroit à luy faire ciuilité : Enfin pour couper
court, vous auez ouy dire que la Reyne pour
gaigner tout le monde, & se faire des amis pour
appuyer sa Couronne, & maintenir son authorité,


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