Anonyme [1649], APOLOGIE DES NORMANS AV ROY POVR LA IVSTIFICATION DE LEVRS ARMES. , françaisRéférence RIM : M0_113. Cote locale : A_2_20.
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chers que ceux de nostre Sang Royal, conserue encore iusques icy
les sentimens de ses grands hommes, comme les gages eternels de
son affection pour ses Souuerains.

 

Le temps qui corrompt toutes choses, ne l’a point alterée, par vne
si longue suite d’années, & c’est le mesme zele, SIRE, qui porta les
Normands à s’offrir au Roy Philippes de Valois d’entreprendre
auec quatre mil hommes de pied, & quatre mil Cheuaux, la guerre
contre les Anglois, qu’ils appeloient leurs subiets reuoltez, qui venoient
pour vsurper la France sous la conduite d’Edoüard troisiesme
leur Roy, qui resueille aujourd’huy leur fidelité, que l’auarice
sanguinaire des Fauoris croyoit auoir estouffée dans leurs miseres,
pour deliurer V. M. & ses Estats de l’oppression d’vn Tyran, que
nous ne connoissons que par ses crimes : mais qui sous le nom de
Mazarin & le tiltre de Cardinal, si fatal à nostre ruine, & qui deuient
si odieux à tous vos peuples, a exercé sur nous tout ce que la rage
ambitieuse & auare du Cardinal de Richelieu n’auoit osé entreprendre.

Non, Sire, ce Pere des Monstres de la France, si hay dans vos
Estats par ses cruautez : si connu chez les Nations, par le trouble qu’il
a ietté dãs toute l’Europe ; si fameux chez les Souuerains par ses perfidies ;
& si horrible à l’Eglise par ses impietez politiques, qui l’ont
conduite presque au panchant de sa ruine, n’auoit encore osé tenter
nostre desespoir, il se contentoit de nous abattre sans nous exterminer ;
& parce que dans nostre misere il n’auoit pour obiet que l’affermissement
de sa Tyrannie, il luy restoit encore assez de probité
pour ne viser qu’à nous faire ses esclaues.

Mais, Sire, vostre Tyran a iuré nostre perte dés le ventre de sa
mere ; il est vostre ennemy naturel & le nostre ; & sa conduite monstre
que l’Espagne luy a fait faire serment pour nostre extermination
sur les Autels.

Nous n’allegons point pour la preuue de cette verité ses intelligences
particulieres auec vos ennemis, depuis, comme l’on dit, qu’il
en a receu sa grace, pour vous trahir, & pour nous perdre ; ni qu’il suit
les brisées du Cardinal Caietan, pensionnaire du Roy Catholique,
pour lui liurer Henry le Grand, l’amour & le bon heur des peuples,
comme vous en estes l’esperance. Nous ne penettrons point encore
dans la delegation de Galarety, ni dans les secrets de son Audience,



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