Anonyme [1649], APOLOGIE DES NORMANS AV ROY POVR LA IVSTIFICATION DE LEVRS ARMES. , françaisRéférence RIM : M0_113. Cote locale : A_2_20.
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depuis si long-temps les peuples de vos Prouinces ; des chaines qui
les accablent ; & de la barbarie de ses supposts impitoyables, qui ont
fait mourir dans les prisons iusques au nombre de quatre à cinq
mille innocens pour vne année.

 

C’est elle qui nous a fourny l’exemple de celuy, auquel (apres
s’estre veu rauir par des satellites le pain que la charité des bons luy
fournissoit pour sustenter sa famille) le desespoir a mis le poignard
en la main pour se l’enfoncer dans le seing, apres auoir massacré ses
enfans, qui expirans dedans leur sang, faisoient tous quelques efforts
pour prononcer le Cardinal.

C’est, Sire, dans ce sang, que sa pourpre a rehaussé son éclat, & que
celle du Cardinal de Saincte Cicile son frere a esté teinte : ce nombre
de millions, dont on a gaigné les vsurpateurs de la Iustice aupres
du Pape, pour luy soustraire son chapeau, viennent tous de ces
horreurs sang lantes, ils sont les expressions de ses fureurs, & la France
espuisée, en iette encore de nouueau des sanglots & des larmes.

C’est cette mesme auarice qui a forgé l’insolente impieté, auec
laquelle Mazarin a tiré, ce Moine sanguinaire, ce Torlakis empourpré
de sa cellule & de la mandicité, pour l’esleuer dessus le
Throsne de Catalogne, pour estre Viceroy sous son empire, afin
de nous piller auec plus d’esclat, apres auoir enueloppé la Religion
Catholique dans la derision, où il a ietté la France chez tous
les peuples du monde.

Combien nostre Prouince a souffert de violence ? Combien de
gesnes on a donné à vostre peuple ? Combien de questionnez pour
leur faire soustenir, la cruelle dignité de ce gueux defroqué nouuellement
Monarque ; aussi bien comme pour enseuelir l’infamie
du reste de sa famille ! On a, Sire, esgalé toutes les inuentions abominables,
que par tradition Siciliene Phalaris a laissez à Palerme,
dont Pierre Mazarin son pere fut habitant deuant sa banqueroute.

Nous auons senty la rage desployée de certains Mabojarts
valets de la Monopole sous le tiltre d’Intendans de Iustice, qui escortez
de Fuzeliers, pour ne pas dire de Demons, & pretextez du
seau & de caractere du Prince, prostitué par l’approbateur de la
Tyrannie, ont exercé sur les plus miserables d’entre nous, tout ce
que l’inhumanité des plus Barbares auroit eu honte d’entreprendre ;
les viols, les prophanations des Temples, les meurtres & les



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