Anonyme [1650], APOLOGIE DE MESSIEVRS LES DEPVTEZ DV PARLEMENT DE BORDEAVX, Sur les affaires de ce Temps. , françaisRéférence RIM : M0_106. Cote locale : D_1_18.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 5 --

leur satisfaction, du moins ne doiuent ils pas permettre que le
venin de la calomnie ose empoisonner ces traicts pour leur percer le
cœur, ils sont de viues lumieres qui doiuent dissiper les tenebres, les
nuages & fausses couleurs que le mensonge tire de l’Enfer pour obscurcir
la gloire des bonnes actions.

 

La diminution des Tailles, le restablissement des gages, l’execution
de la paix estoient dans des articles crayonnez legerement, nous y
auons mis la derniere main, & obtenu les Arrests necessaires.

Flambeaux funestes qui voulez embraser vostre patrie, esprits de
mensonge, oseriez vous nier ces veritez, & cacher ce beau iour dans
l’assemblée des cent & trente, en laquelle ny le Clergé, ny les Tresoriers
de France, ny le Presidial, ny les anciens oracles du Barreau,
ny les Citoyens, & ceux qui ont esté esprouuez par le poids des charges
ne se trouue pas, parce que leur voix est suffoquée, en laquelle
la vertu n’a point de liberté. Et quelques Grenoüilles nourries dans
les marais, tout au rebours de celle d’Homere, s’accordent auec les
rats. Qu’est-ce qu’on a opposé aux Deputez, trahison, trahison. Ils
n’ont pas demandé le changement du Gouuerneur. Silence, Messieurs,
si vous pouuez, moderez vos feux, permettez à vostre
Magistrat, & à vos Deputex de vous respondre, & de se iustifier.

Nul n’a plus interest à demander le changement du Gouuerneur
que nous, trois Maisons du chef de nostre deputation ont
esté bruslées, il y a long-temps que la main de cette maison pese sur
luy, l’an trente-cinq il perdit trois autres maisons, ses liures, ses
papiers, ses meubles, & le fruit de tous ces trauaux. Vous, Messieurs
qui l’accusez de n’auoir pas voulu demander le changement,
& qui criez tant dans les assemblées n’auez rien perdu, au contraire
vous auez receu des graces de luy, & auec vn cœur & vne langue
double suborné de l’esprit du pauure peuple, vous auez profité dans
les emplois de la guerre que la faueur des Chefs vous a donné. Qui
est traistre, ou celuy qui persuade la guerre pour ces interests, pour
exercer la dictature sur la liberté, & la bourse des Bourgeois, ou celuy
qui desire la paix & le repos commun. Qui est traistre, ou celuy
qui appelle l’Espagnol, qui traicte auec l’Estranger, apres la paix,
apres l’amnistie, apres tant d’actions de graces, ou ceux qui detestent.
ces monstres & ces pestes publiques. Qui est traistre, ou celuy qui se
iouë de vos priuileges, de vostre bien, ou nous qui en portons la



page précédent(e)

page suivant(e)