Anonyme [1649], APOLOGIE CVRIEVSE POVR LES IVSTES PROCEDVRES DV PARLEMENT DE PARIS Iusques au iour de la Conference. Et pour seruir de suppléement aux Motifs veritables. , françaisRéférence RIM : M0_99. Cote locale : A_2_1.
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vouloit faire premier Ministre d’Estat ; Mas il employa tous ses
soins & toute son industrie pour monter à cette eminente charge,
de laquelle il estoit indigne : & y estant instalé il commença à
tailler du Souuerain dans les affaires, & dans la distribution des
charges, comme de celle de Gouuerneur de la personne du Roy,
dont il se donna la surintendance, & voulut auoir sous luy le Mareschal
de Villeroy, & les sieurs de Sainct Estienne & du Mont,
creatures du defunct Cardinal de Richelieu, pour n’auoir d’autre
Palais que celuy du Roy, il cassa la plus belle & fidele compagnie
de sa Maiesté, celle de ses Mousquetaires à cheual, & appella pour
la sienne cinquante Gentils hommes, & cent hommes de caualerie
pour plus grande ostentation de son ambition excessiue.

 

La deuxiesme chose en quoy il imita le Cardinal Ximenés
fut en la conduite des affaires, & au gouuernement dont il vouloit
estre Souuerain. Il a fait le mesme ; car sans se seruir d’autres
conseils que des siens, il a voulu nourir la guerre, que son deuancier
auoit allumée dans la Chrestienté, & en faire d’autres nouuelles
& irraisonnables, si les Princes du Sang ne s’y fussent opposez,
tant pour s’agrandir en Italie, que pour s’enrichir de tant
de millions, que luy & ses Partisans ont tiré en France : afin de
disposer luy seul des affaires il enuoya Messieurs les Duc d’Orleans
& le Prince de Condé à la guerre hors de France, à dessein
de ne mettre des obstacles aux conseils qu’il acueilloit, pour accroistre
son credit & son authorité partout.

Le Cardinal Ximenés changea la Maison de l’Insant Dom
Ferdinand, pour y mettre des Officiers à sa deuotion, & éloigner
sa personne, afin de gouuerner & ordonner des affaires à sa volonté,
sans empeschement : C’est ce qu’a fait le Cardinal Mazarin,
enuoyant Monsieur le Duc d’Orleans à la guerre de Flandres,
& Monsieur le Duc d’Anguyen, à present Prince de Condé, en
Allemagne, & le Comte d’Harcour en Catalogne, & tout ce
qu’il y auoit de genereux courages en Italie & ailleurs, afin que
nul d’eux ne trauersast ses desseins, n’ayant pour confident que
des Partisans, sangsuës du peuple, a fin que par leurs partis il eust
moyen de tirer le dernier teston de France : Il fit ce qu’il pust
pour oster d’aupres les Princes leurs plus chers Conseillers &
ruiteurs, & iusques aux Princesses, desquelles il fit éloigner



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