Anonyme [1649], APOLOGIE CVRIEVSE POVR LES IVSTES PROCEDVRES DV PARLEMENT DE PARIS Iusques au iour de la Conference. Et pour seruir de suppléement aux Motifs veritables. , françaisRéférence RIM : M0_99. Cote locale : A_2_1.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 18 --

tel maistre, ne pouuoit faire qu’il ne continuast ses mesmes desseins
de continuer & troubler : Sa Maiesté n’en fit point ce iugement :
car elle le croyoit porté à la paix, & qu’en la procurant à toute la
Chrestienté, il seconderoit ses bonnes intentions. Mais comme il
sçauoit les moyens desquels le Cardinal de Richelieu s’estoit seruy
pour s’enrichir & se rendre absolu & redoutable ; sçauoir ceux d’auoir
de l’argent par la continuation de la guerre, il a sceu tres-bien
l’imiter en cela, non point en ses maximes politiques, qui regardent
le gouuernement, & preuoir les dangers qui exposent vn
Estat en proye à ses ennemis, c’est vne leçon qu’il n’auoit point
apprise ; mais seulement celle de l’auarice, des plaisirs, des festins, &
des jeux, en espuisant la France de finances, & de moyens de
subsister, ayant enleué les millions d’or pour s’enrichir & entretenir
ses intelligences auec les Estrangers à la ruine de l’Estat.

 

Les personnes ainsi choisies & appellées aux charges eminentes
à la Cour des Rois, & venans de bas lieu, deuroient principalement
prendre garde de plus prés à toutes ces choses. Que si la
volonté des Maistres qu’ils seruent en la dignité de leur charge,
les excite d’en vser autrement ; ce seroit prudence à eux de monstrer
qu’ils n’y sont volontairement portez. En cela le Cardinal
Ximenés au commencement de sa fortune se porta tres-bien : car
il fit voir sa modestie au refus qu’il fit d’accepter la dignité d’Archeuesque
de Tolede ; iugeant que s’il le faisoit, il attireroit sur
luy l’enuie de tous les Grands du Royaume, sous le faix de laquelle
il succomberoit : de façon que pour s’asseurer de ce costé-là,
la Reine D. Ieanne fut contrainte de le faire prier par tous les
Grande de sa Cour d’accepter cette charge ; ce qu’il fit enfin apres
plusieurs refus : mais il demeura quelque temps sans vouloir croistre
ni son train ni sa despense quelque remonstrance qu’on luy
fist-que cette dignité requeroit qu’il changeast de façon de viure,
& fallut que l’authorité & le commandement expres du Pape y
interuint, auquel en fin il obeït, & ainsi il éuita l’enuie d’vne grande
dignité desirée de tous les Grands d’Espagne, & du fast d’vne
despense qui égaloit, voire surmontoit celle des Princes.

Le Cardinal Mazarin ne s’est point miré sur cette forme de
proceder au chemin des grandeurs. Le Cardinal Ximenés ; au
contraire non seulement il obeït aux volontez de la Reine, qui le



page précédent(e)

page suivant(e)