Anonyme [1649], AGREABLE ET VERITABLE RECIT DE CE QVI S’EST PASSÉ, DEVANT ET DEPVIS L’ENLEVEMENT DV ROY, HORS LA VILLE DE PARIS, par le Conseil de Iule Mazarin. EN VERS BVRLESQVES. , françaisRéférence RIM : M0_55. Cote locale : C_8_43.
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Peut estre afin de le loger,
Comme elle au pays estranger.
Mais vn second coup de prudence,
En vn moment arma la France,
Et tous les Parlemens vnis,
Veillent à conseruer Louys.
Le Parisien recourt aux armes,
Chaque Bourgeois deuient Gendarme,
Et l’on proteste hautement,
De se deffendre vaillamment,
Cependant la Cour tres prudente,
Enuoye à la Reine Regente,
A sainct Germain les Gens du Roy,
Mais le Chancelier en esmoy,
Leur respond, la ville est bloquée,
Et si fortement attaquée,
Que l’on a desia fait armer,
Plusieurs soldats pour l’affamer.
Mais pourtant ville florissante,
Ta prudence est innocente,
Et l’on ne peut pas t’imputer,
D’auoir voulu rien attenter,
Mais bien de t’estre deffenduë
De celuy qui comme sangsuë,
N’est rouge auiourd’huy que du sang,
Du miserable paysan,
Dont la viue couleur éclatte,
Dessus ses habits d’écarlate,
Et qui semble auoir reproché,
L’enormité de son peché.

 

 


Mais inexorable à tes plaintes,
Capables de donner atteintes,
Aux courages plus endurcis,
France, il s’est mocqué de tes cris,
Et dedans tes douleurs pressantes,
Etouffant ta voix languissante,
Il a conuerty tes sueurs,
En parfums, en eaux de senteurs,
Mettant plus d’argent en fumées,
Qu’vn Roy ne depense en armées,
Et quand il a tout fait perir,
Il te veut contraindre à mourir.

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