Anonyme [1652], ADVIS SINCERE AVX BOVRGEOIS DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_543. Cote locale : B_17_11.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 34 --

receuoir de plus grands applaudissemens, & de plus grandes acclamations
qu’ils en receurent de vous ? L’vn venoit de mettre
dans le milieu du Royaume vne armée Espagnolle, l’autre par vne
lascheté sans exemple, de leur liurer le passage d’vne ville qu’il a
endepost, & dont il est Gouuerneur pour le Roy. Neantmoins ces
Ennemis du Roy triomphent par les ruës de vostre ville. Celuy de
vous qui hors de cette occasion eust negligé ou mesprisé de les
connoistre toute sa vie, les veut voir par ce que vous les tenez
pour des illustres. Ils vont au Parlement, on les souffre y prendre
seance. Ils y reçoiuent des complimens, leurs maisons sont remplies
du monde qui y acourt de toutes parts.

 

L’on fait rouller le Canon du Roy & les munitions de guerre
que l’on tire de l’Arsenac, pour mener en cette armée Espagnolle,
c’est pour combatre celle du Roy, qui y est en personne, vous
voyez passer cet équipage sur le Pont-neuf au milieu de vostre
Ville, où est le Francois parmy vous qui s’en est formalisé ? Où
est-ce qu’on à entendu la voix d’vn homme de bien, d’vn bon
Bourgeois, d’vn seruiteur du Roy, qui se soit escrié sur tous ces
attentats, faits à l’authorité Royale ? au contraire, vous vous en
estes resiouis. En quoy vous ne pouuez vous deffendre ou de beaucoup
de stupidité, ou de beaucoup de meschanceté : mais c’est
trop s’arrester à des choses, lesquelles quoy que pleins d’horreur,
ne sont rien en comparaison de celles que vous auez fait depuis.

Le Prince de Condé voyant ses affaires desesperées en Guyenne,
& fort peu vigoureusemẽt soustenuës de par deça, arriue à Paris
incontinent apres Pasques de la presente année. Souuenez-vous,
Messieurs, de ce qui se passa la seconde Feste de Pasques, au
milieu de vostre Ville. En premier lieu ; Souuenez-vous du concours
incroyable du Peuple qui alla au deuant de ce Prince, pensant
qu’il d’eust arriuer ce iour là & de celuy qui demeura sur le
Pont-neuf, à faire les outrages qui furent commis sur plusieurs
personnes qualifiées, leur faisant crier, viue les Princes & point
de Mazarin : vous ne pouuez toutesfois auoir oublié que c’est le
mesme, pour l’emprisonnement duquel vous auiez fait des feux
de joye, versé le vin par vos ruës, crié viue le Roy & le Mazarin,
vous n’ignorez pas qu’il estoit criminel de leze Majesté, qu’il faisoit
la guerre actuellement au Roy : & qu’il ne venoit à Paris, que
pour fortifier & encourager le party des rebelles. Ie scay bien
que vous me direz, que quelques factieux soupçonnez d’estre les
Autheurs de cette sedition, furent pris & aprehendez ; d’ont l’vn



page précédent(e)

page suivant(e)